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De l’art de la bonne résolution de Nouvel An

à l’ère où les années se suivent, catastrophiques.

dimanche 16 janvier 2005

L’ouvrage ne manquera pas pour qui choisira d’éteindre sa télé et d’adjoindre à ses résolutions habituelles de Nouvel An - arrêter de fumer, vivre soi-même plutôt que par écran interposé, etc. - des préoccupations plus collectives. Par ordre d’importance et de priorité il y aurait certainement :

de nous extraire du paradis artificiel des rêveries médiatiques prémâchées afin d’être plus nombreux et nombreuses pour nous occuper correctement de l’orientation de nos affaires communes en lieu et place de ceux qui ne le font pas : les politiciens (qui n’en ont pas le temps ni l’envie), des religieux (généralement des dogmatiques qui se vouent hypocritement les uns les autres à l’enfer), des technocrates (payés par le système qu’il faudrait justement repenser) et des directeurs marketing (animés de préoccupations de camelots).

Parmi les bonnes résolutions à prendre, il y a certainement celle d’aider nos "amis américains" à trouver un autre remède à la "crise structurelle du capitalisme" que la relance économique par l’injection massive et croissante de ressources publiques (qu’ils n’ont pas d’ailleurs) à leur complexe militaro-industriel. Cette recette -dont nous profitons aussi en Europe d’ailleurs depuis 60 ans - est définitivement trop... mortelle (100.000 morts civils en 18 mois en Irak au nom de la lutte du Bien contre le Mal, c’est trop). La tâche n’est pas facile, elle consiste peut-être ni plus ni moins qu’à repenser notre façon de créer ensemble des entreprises et d’y travailler.

Pourquoi pas, tant qu’on y est, ne pas essayer aussi de négocier ensemble un peu mieux la sortie de "l’ère du pétrole". La solution à la Bush et Poutine qui consiste à s’arracher comme des vautours sur un cadavre les ressources pétrolières déclinantes nous dessine des lendemains mondialisés d’égoïsme aveugle sur fond d’horizon peint en rouge sang. Là encore, l’attitude qui nous revient à chacun-e de nous consiste peut-être simplement à retirer nos forces vives à cette façon "imposée" de produire et de consommer. Il nous incombe d’en penser et d’en créer d’autres.

La même réponse vient à l’esprit au sujet de la "crise climatique" annoncée comme inéluctable pour nos vieux jours et pour nos enfants (gaz à effet de serre, réchauffement, tempêtes, fonte des pôles, inversion du Gulf Stream, etc.). Vivre, travailler et consommer autrement !

La solution à tous nos problèmes ne serait donc pas "politicienne", "économique", "organisationnelle" mais quotidienne. Elle aurait directement trait à notre façon de vivre et à la réponse que nous choisirions à la question "pourquoi vivons-nous ?". Si nous continuons à ne pas le savoir ou à y donner des réponses préformatées par les spots publicitaires et les fictions télévisées, il ne fait pas de doute que nous serons à très court terme bannis du "paradis virtuel de la consommation", tout simplement parce que la réalité accumulée aura fait irruption dans nos illusions bleutées pour les balayer, et nous avec.

Nous sommes désormais assez nombreux à en être conscients, à tous les niveaux d’organisation de cette ingouvernable "machine du monde" - politico-technocratico-démocratico-oligarchico-libérale - pour pouvoir initier et appuyer partout où c’est nécessaire et par delà toutes les idéologies et les alignements politiques ou religieux les initiatives constructives partout où elles peuvent émerger.

Cela suppose pour commencer de cesser de juger du Bien et du Mal en terme d’intérêt, d’identité, de nations, de dirigeants, d’idéologie, de religion, de laïcité, de race, de système politique souhaitable ou criticable. Cela suppose ensuite de restaurer pour soi une conception de la liberté qui dépasse la "liberté pulsionnelle" et sa satisfaction dans la consommation - ou sa répression dans l’intégrisme. Cela suppose pour finir de restaurer le sentiment de l’importance collective des actes posés par chacun-e d’entre nous dans les multiples dimensions de sa vie quotidienne.

Or de cela, aucune institution, aucun média, aucune émission bénéficiant d’une audience de masse ne se fait la porte-parole à l’heure actuelle, que ce soit à l’Est ou à l’Ouest, au Nord ou au Sud. C’est donc bien à chacun-e de nous qu’il revient de le devenir, là où nous sommes et au moments que nous choisissons de consacrer à cela plutôt qu’à l’aliénation de... produire, de consommer ou de se morfondre de ne faire ni l’un, ni l’autre.

Bonne Année !

PB
pour notv.info

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