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autogestion

Guide contre les agressions sexuelles

questions de genre

samedi 7 août 2004

lors de la conférence en europe de l’Action Mondiale des Peuples, à Belgrade, fin juillet 04, a été proposé un "guide" pour réagir en cas d’agression sexuelle, harcèlement, viol.
Ce texte est issu de travaux et de réflexions au sein de divers réseaux et collectifs autogérés et anti-autoritaires, ce qui explique l’absence de recours aux pouvoirs publics et judiciaires.


Comment réagir face aux agressions sexuelles et au viol au sein de nos espaces "libérés" ?

voici une proposition de démarche :

Ce texte est adapté à partir d’un texte produit, revu et réadapté au sein
de l’Anti-Fascist Action de stockholm (suède), puis lors d’un séminaire
sur la thématique des genres dans le collectif anarchiste d’Escanda en
espagne, puis lors de la conférence de l’Action Mondiale des Peuples en
europe (belgrade, juillet 2004)... Il est ici "librement" repris et
traduit en français, afin d’être utilisable et discuté, en
particulier en vue de la TAZ No Border Rivesaltes en août 2004.

Même dans "nos" espaces, le sexisme et les comportements sexistes sont
trop facilement acceptés, et la lutte contre le sexisme n’a pas été
considérée comme une priorité, nous devons changer ça !

Créer des environnements non-sexistes devrait être une priorité, et ce
processus anti-agression s’inscrit dans cette démarche : en mettant
explicitement en évidence, dans les plate-formes d’organisation de nos
évènements ou de nos espaces, des principes et des processus anti-sexistes
clairs, on montre que le problème des comportements sexistes et du
harcèlement sexuel est pris au sérieux.
Ceci permet aussi que le reste de l’activité du collectif continue tandis
qu’une démarche de réaction à une agression est entamée, et peut aussi
éviter beaucoup de confusion, de peurs et de colère, qui surviennent
toujours lorsque des cas d’agression ou de viol sont rendus publics dans
nos milieux. Ceci rendra nos espaces plus ouverts et sûrs.

La responsabilité de créer des espaces non-sexistes est partagée par le
collectif dans son ensemble. Nous voulons créer un environnement où
quiconque a vécu un cas de comportement sexiste ou d’agression sexuelle
ait la force de venir parler à quelqu’un/e de ce qui s’est passé, en
sachant qu’il/elle sera pris/e au sérieux.

Notre but avec cette proposition est de trouver des moyens de réagir aux
agressions sexuelles et viols dans tous nos espaces. Ceci dit, les
opportunités d’enclencher un réel processus seront différentes si un cas
se produit dans nos milieux locaux, où les gens se connaissent et peuvent
réagir et réfléchir à plus long terme, ou si cela se produit lors d’un
rassemblement qui ne dure que quelques jours. Il faudra adapter ces
propositions aux circonstances variées, mais ça peut être une bonne idée,
lors de rassemblements plus larges, de désigner une personne ou groupe à
qui tout le monde peut s’adresser en cas de comportement sexiste et en cas
d’agression sexuelle ou viol. C’est dans ce cas-là son rôle de mettre
cette procédure en place le plus vite possible et de rendre compte des
informations à propos du processus en assemblée générale. Ceci permet de
minimiser les ragots et malentendus à propos de ces questions très
émotionnelles.
Nous reconnaissons qu’il est important d’avoir un processus ouvert et
transparent afin que les conflits "genrés" (=conflits liés à la division
sociale selon le "sexe biologique") ne soient pas réglés derrière des
portes fermées, comme ça a été le cas pendant si longtemps. Malgré tout,
nous devons respecter le caractère privé et confidentiel de la victime et
trouver un équilibre entre ces deux buts.

Dans cette proposition, nous avons choisi d’utiliser un langage neutre en
ce qui concerne le masculin/féminin, car nous réalisons que n’importe qui
peut devenir victime d’agression sexuelle. Ceci dit nous savons que la
plus grande majorité des victimes d’agression sont des femmes, et qu’une
encore plus grosse majorité des agresseurs/euses sont des hommes.

Voici donc un ensemble d’outils suggérés, pas un dogme, ce n’est pas le
seul moyen de réagir aux agressions, harcèlements, viols, et d’autres
chemins pourraient aussi être explorés, et aussi en dehors de "nos"
espaces. Aussi, aucun processus pour réagir à des tels problèmes ne peut
être parfait : chaque manière sera un compromis entre des idéaux
importants comme la justice, l’autonomie...

Nous suggérons donc quelques étapes à suivre pour réagir en cas
d’agression sexuelle ou de viol, sans impliquer les autorités étatiques.
Ceci est basé sur l’a-priori selon lequel la victime définit toujours ce
qui est une agression sexuelle ou un viol - et sera toujours crue.

1
Quand une personne parle d’une agression commise contre elle, ou quand des
rumeurs commencent à circuler sur quelque chose qui se serait passé, la
mise en place de groupes devrait commencer le plus vite possible. Un
groupe peut être formé de deux personnes ou plus. . Pendant que ce
processus est en cours, l’agresseur/euse n’est pas bienvenu/e dans les
activités et les espaces de l’organisation, ou, selon les cas, dans le
rassemblement au sein duquel l’évènement s’est produit.

2
Organisez une assemblée générale, si la victime le veux. Diffusez-y
l’information et créez-y les groupes. Sinon, faites ceci de manière
informelle.

3
Mettez en place un groupe qui parle avec la victime . C’est mieux si ce
sont des personnes en lesquelles la victime a confiance et qui sont
proches d’elle. Le but est de :
- entendre ce qu’il ou elle a à dire
- lui donner du soutien
- voir si il ou elle a une quelconque opinion à propos de comment régler la
question ou s’il ou elle a des demandes particulières.

4
Mettez en place un groupe qui parle avec l’agresseur/euse. C’est mieux si
ce sont des gens qui le/la connaissent et en qui il/elle a confiance, mais
qui peuvent réagir en le /la critiquant. Le but est de :
- entendre sa version
- confronter cette version avec ce que la victime a dit. Faire en sorte que
l’agresseur/euse prenne du recul et essaie de comprendre pourquoi la
victime a ressenti les choses comme telles.
- souvenez-vous que ça peut être difficile dans nos milieux politisés
d’admettre qu’on a commis une agression sexuelle, donc un certain degré de
confidentialité est important ici pour permette à l’agresseur/euse
d’assumer ses actions. Quoi qu’il en soit, il est important de rapporter
au collectif en général des informations à propos de ce processus, dans le
but de limiter les rumeurs.

5
Le groupe de soutien à la victime et le groupe de contact avec
l’agresseur/euse (et la victime, s’ille veut s’y impliquer) développent un
plan de travail.
Faut-il exclure l’agresseur/euse ? Pourra-t-ille continuer à s’impliquer
dans le milieu, à condition que ce soit hors des groupes dans lesquels la
victime est impliquée ? Sera-t-ille autorisé/e à revenir s’ille se remet en
question à ce sujet ? Le but est de créer une base pour que
l’agresseur/euse comprenne ce qui s’est passé, afin qu’il ou elle ne le
refasse plus.
Pendant ce processus, le groupe de soutien reste en contact avec la
victime et lui raconte ce qui est en train de se passer, et se renseigne
sur ce qu’ille ressent. Lorsque le problème est rendu visible et amené au
grand jour, la souffrance peut souvent revenir, et il ou elle a besoin
d’encore plus de soutien. Le but est d’aider la victime à mettre en mots
ce qui s’est passé, et renforcer sa confiance en soi.

6
Le groupe de soutien à la victime et le groupe de contact avec
l’agresseur/euse (et la victime, s’ille veut s’y impliquer) jugent si
l’agresseur/euse est bienvenu/e de nouveau dans le groupe, ou si le
contact avec lui/elle n’a produit aucun résultat. Au cas où
l’agresseur/euse ne veut pas participer au processus et agit de manière
arrogante, alors il n’y bien sûr aucune raison de continuer. Ca ne sert à
rien de perdre toute l’énergie d’un groupe politique dans le but de réagir
aux attitudes d’un/e agresseur/euse s’ille ne veut pas coopérer. Alors il
vaut mieux exclure l’agresseur/euse et se concentrer sur la victime qui a
été agressée.

Pour finir :
Tout d’abord, une idée principale de cette démarche devrait être la
reconnaissance du fait que la plupart des gens sont capables de changer
leurs comportement et attitudes sexistes, que l’exclusion immédiate et
définitive n’est pas la solution parfaite. La réintégration et la
réhabilitation de l’agresseur/euse dans nos espaces peut être un but.
Ensuite, souvenez-vous que peu d’entre nous ont véritablement les
compétences pour conseiller une victime de viol ou un violeur. Un conseil
professionnel peut être une nécessité.
Il a été suggéré lors de la conférence de l’AMP à belgrade que l’on entame
un travail de fond collectif, que des expériences soient partagées avec
des personnes qui ont déjà travaillé et réfléchi sur la question, fait
face en pratique à ce genre de situation, afin que de fil en aiguille, de
partage d’expérience en partage d’expérience, nous n’ayions plus besoin de
nous adresser à des professionnel-le-s.
Le but serait que lors de chacun de ces gros rassemblements par exemple,
une équipe de résolution des agressions sexuelles soit formée et commence
à réfléchir à l’avance, composée de personnes ayant déjà des expériences
en la matière. Ces expériences partagées de fil en aiguille pourraient
nous permettre de créer une réelle compétence collective pour réagir aux
agressions sexuelles et viols sans recours aux mécanismes d’un système que
nous rejetons (police, justice, prison, psychiatrie, exclusions...).

(Guide repris ici en l’état au titre d’une contribution aux débats locaux en attendant sa finalisation au sein des collectifs concernés)

sources : PGA 2004, réseau sans-titre, traduction Raoule

pour information, le lien vers le site sans-titre

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