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Commémoration du 17 octobre

Que s’est-il passé le 17 Octobre 1961 ?

par Inform’ElleS et Zémzém Association

jeudi 29 septembre 2005

Quelques documents "pour mémoire" sur le 17 octobre 1961 à l’initiative du collectif des Inform’ElleS et de Zémzém Association.

Que s’est-il passé le 17 Octobre 1961 ?

Cette date désigne en réalité un épisode de la guerre d’Algérie (1954-1962) qui se produit principalement à Paris, du 17 au 20 octobre.
Maurice Papon, res-ponsable de la dé-portation de nom-breux/ses juifs/ves pendant l’occupation nazie, est alors préfet de police à Paris. Il a acquis à Constantine une dangereuse expérience de la guerre coloniale. Il agit sous l’autorité de Roger Frey, ministre de l’intérieur et Michel Debré, premier ministre sous la présidence de De Gaulle.

Ce 17 Octobre 1961, 30 à 40 000 Algériens-ne-s - adultes et enfants - quittent les bidonvilles et les quartiers populaires, bravent le couvre-feu qui leur interdit de circuler de 20h30 à 05h30 et vont manifester pacifiquement dans les quartiers animés du centre de Paris. La manifestation, initiée par le FLN est quasi-obligatoire, mais elle répond au souhait de nombre d’Algérien-ne-s de réagir aux exactions policières qu’ils/elles subissent depuis le printemps 1961 : arrestations arbitraires, tortures, terreur, meurtres. C’est le résultat de la "politique" que Maurice Papon met en œuvre à l’encontre des Algérien-ne-s, dans le but d’anéantir la Fédération de France du FLN. Celle-ci a riposté par des attentats visant des commissariats de police. Depuis le 5 Octobre, le couvre-feu et d’autres mesures, destiné-e-s aux seul-e-s Algérien-ne-s sont en vigueur : fermeture des cafés algériens à 19h00, interpellation systé-matique des Algérien-ne-s circulant en voiture, interdiction de circuler en groupe.
Par leurs slogans, ce 17 Octobre, les manifestant-e-s protestent contre ces mesures racistes et revendiquent l’indé-pendance de l’Algérie.

Soudain, la police se déchaîne. Elle croit que les manifestant-e-s sont armé-e-s et que des policiers ont été tués. La répression est sanglante : fusillades, chasse au faciès, tabassages sous les yeux des Parisien-ne-s. Dans l’ensemble, les passants ne réagissent pas. Certain-e-s pren-nent part à la mêlée, dénoncent les fuyard-e-s, éructent des insultes racistes. D’autres tentent de porter secours ou de s’interposer.

Des milliers d’hommes algériens sont raflés, jetés dans des cars de police et des bus de la RATP et frappés. D’autres sont matraqués à mort dans la cour de la préfecture de police, en présence de Maurice Papon. D’autres encore sont pendus dans des bois. De nombreux-ses Algérien-ne-s sont jeté-e-s dans la Seine.

En dépit du danger, les manifestations continuent les jours suivants : 18 Octobre, grève des com-merçant-e-s, pris-e-s en tenailles entre le FLN qui les oblige à fermer et la police qui veut les forcer à ouvrir. 18 et 19 Octobre, des groupes d’Algérien-ne-s tentent de braver le couvre-feu.

20 Octobre, manifestation des femmes pour exiger la libération des hommes arrêtés. Dans d’autres villes du Nord et de l’Est de la France, des manifestations ont lieu les 18 et 19 Octobre.
Durant ces trois jours, arrestations, massacres et violences se poursuivent sans répit.
Dans les lieux de détention, au palais des sports, au stade de Coubertin, au centre de tri de Vincennes, au parc des Expositions, dans les sous-sols des commissariats, des Algé-riens sont parqués dans des conditions concentrationnaires. A l’arrivée, "comités d’accueil" : les prisonniers sont forcés à passer entre deux longues rangées de policiers armés de barres de fer et autres engins et qui les frappent comme des forcenés. Puis les détenus sont privés de soins médicaux, d’hygiène, de sommeil, de nourriture et d’eau durant plusieurs jours.

En quatre jours, sur 35 à 60 000 mani-festant-e-s, il y eu 14 000 arrestations, principalement des homme. Cette rafle fut comparée aux rafles des juifs/ves sous l’occupation.
1 500 Algériens ont été déportés dans des camps en Algérie ; cela fut appelé "retour dans le douar d’origine". D’autres ont été internés dans des camps ou des prisons en France.

On n’est jamais parvenu à déterminer précisément le bilan des victimes : au moins des centaines de blessé-e-s, des per-sonnes disparues et combien de mort-e-s ? On a d’abord parlé de deux ou trois mort-e-s, puis de dizaines, puis plus récemment d’une centaine, voire 200 à 300 mort-e-s.
Falsification des registres, mensonges de Maurice Papon, disparitions, cadavres jetés dans la Seine et jamais retrouvés… ruinent toute possibilité d’établir un bilan exact. En outre, on sait que les massacres ont commencé avant les manifestations et ont continué après ; la date du 17 Octobre renvoie donc à une période plus large et résolument floue.


programme des commémorations 2005 à Strasbourg

Zèmzèm Association et le groupe Inform’ElleS

LES FANTOMES D’OCTOBRE 1961

DIMANCHE 16 OCTOBRE
Euro Student Café du FEC*

14h : « café mémoires »
Lecture de témoignages sur Octobre 1961 avec débat et tribune libre pour les personnes qui souhaitent témoigner, dire un poème ou un conte, adresser un message, offrir un chant, de la musique …

18h30 : repas en commun et/ou rupture du jeûne du Ramadan
Nous vous invitons pour plus de convivialité à ramener avec vous du sucré et/ou salé...

20h : soirée thématique sur la vie des immigrés en France pendant la guerre d’Algérie

LUNDI 17 OCTOBRE
Euro Student Café du FEC*

20h30:soirée thématique sur les événements d’Octobre 1961.

Lecture de témoignages et débat

MERCREDI 19 OCTOBRE
A la Librairie « Quai des brumes »*

19h15 : Une lecture à trois voix sur Octobre 1961, présenté par Mounya Hani, Mounia Raoui et Nohra Belmir

19h35 : Intervention de l’historienne Linda Amiri,
auteure de La bataille de France - La guerre d’Algérie en métropole, Laffont, 2004, Les fantômes du 17 octobre, éd. Mémoire- Génériques, 2001

À signaler : Le MARDI 18, A 20H30, Université Louis Pasteur, projection du film Une journée portée disparue de Philip Brook et Alan Hayling dans le cadre d’un séminaire (sous réserve).

* Euro Student Café du FEC, 17 place St Etienne - 67000 Strasbourg
* Librairie « Quai des brumes » 120, Grand’rue - 67000 Strasbourg. (Des ouvrages sur les événements du 17 Octobre y sont disponibles)
contact :

legroupeinform-elles@no-log.org

zemzemassociation@yahoo.fr
renseignements :http://notv.info


Bibliographie

Enquêtes historiques sur Octobre 1961 :

Ratonnades à Paris précédé de les Harkis à Paris Maspero 1961
Paulette Péju,
1961 (édition saisie) la Découverte 2000 (9 €)

Les ratonnades d’octobre, un meurtre collectif à Paris
Michel Lévine,
Ramsay (épuisé), 1985
Consultable à la Bibliothèque Universitaire de Strasbourg

17 octobre 1961 : mémoire d’une communauté
Amicale des Algériens en Europe,
édition Actualité de l’Emigration (non disponible), 1987
Consultable à l’Institut du monde arabe à Paris.

Le silence du fleuve, ce crime que nous n’avons toujours pas nommé
Anne Tristan, Agnès Denis, Mehdi Lallaoui, Cécile Urbain.
Edition Au Nom de la Mémoire (épuisé), 1991
Consultable à la Bibliothèque Municipale de Strasbourg (très belles photographies)

La bataille de Paris
Jean-Luc Einaudi,
Seuil, 1991 (7 €)

Police contre FLN, le drame du 17 Octobre 1961
Jean Paul Brunet
Flammarion, 1999

Les fantômes du 17 Octobre
Linda Amiri,
Edition Mémoires Génériques, 2001
Contacter Mémoires-Génériques, 3 rue de Citeaux, 75012 Paris, tel : 01 49 28 57 75

17 Octobre 1961
jean-Luc Einaudi et Elie Kagan,
Acte Sud, 2001 (13 €)

17 Octobre-17 illustrateurs
Mehdi Lallaoui, Anne Tristan, Benjammin Stora
Edition Au Nom de la Mémoire, 2001
Le 17 Octobre 1961, un crime d’Etat à Paris
Sous la direction de Olivier le Cour Grandmaison (collectif),
La dispute, 2001 (19 €)

Octobre 1961 dans le contexte de la guerre d’Algérie en France :

La 7e Wilaya. La guerre du FRLN en France, 1954-1962
Ali Haroun,
Seuil, 1986

Face à la raison d’Etat, un historien dans la guerre d’Algérie
Pierre Vidal-Nacquet,
La Découverte 1989

La guerre d’Algérie et les français
Danièle Tartakowsky
Fayard, 1991

Chronique du bidonville - Nanterre en guerre d’Algérie
Monique Hervo,
Gallimard 2001

L’immigration algérienne et les pouvoirs publics dans le département de la Seine 1954-1962
Peggy Derder,
L’Harmattan 2001

La bataille de France, la guerre d’Algérie en métropole
Linda Amiri,
Robert Laffont, 2004

• Octobre 1961 dans le cadre d’une réflexion politique :

Les frontières de la démocratie
Etienne Balibar,
La Découverte, 1992

Les silences de la police - 16 juillet 1942, 17 Octobre 1961
Jean-Luc Einaudi, M. Rajsfus
L’esprit frappeur, 2005 (1€52)

Œuvres littéraires dont le sujet est Octobre 1961 :

Une nuit d’Octobre
Mehdi Lallaoui
Alternatives, 2001 (épuisé, à trouver en bibliothèque)

La Seine était rouge, Octobre 1961
Leila Sebbar,
Edition Thierry Magnier, 2001 (10€)

Esperam nous manquera
May Bouhada-Nordmann,
Théâtre inédit, 2002 ; affaire à suivre.

1961. pour une juste réparation
Le bocal brisé,
Gare au théâtre, 2002.

Œuvres littéraires évoquant Octobre 1961 :

Meurtres pour mémoire
Didier Daennincks
Gallimard, 1984

Les tribulations d’un idéologue
Victor Leduc
Syros, 1985 (épuisé, à trouver en bibliothèque)

Le sourire de Brahim
Nacer Kettane,
Denoël, 1985

Les Beurs de la Seine
Mehdi Lallaoui
Edition de l’Arcantère 1986 (épuisé, à trouver en bibliothèque)

Le figuier
François Maspero,
Seuil, 1988


Filmographie

Sur le 17 Octobre :

Le silence du fleuve
Réalisé par Mehdi Lallaoui et Agnès Denis, production « Au nom de la mémoire », octobre 1991, 52 min. Mémoires Vives Production.

Une journée portée disparue
Réalisé par Philip Brooks et Alan Hayling, France/Grande-Bretagne, documentaire, 1992, 52 min.
Disponible à la BMS, à la Médiathèque de Neudorf (empruntable à domicile) et à Vidéo les Beaux Jours à la Maison de l’Image (consultation sur place). Vous pouvez également l’acquérir à la Médiathèque des 3 Mondes : 01 42 34 99 00 ; VHS, 15 euros.

17 Octobre 1961 : dissimulation d’un massacre
Réalisé par Daniel Kupferstein, 2002.
Vous pouvez l’acquérir à Morgane Production : 01 43 14 92 03. VHS, 25 euros, frais de port inclus.

La guerre sans nom dans Paris ’Une nuit d’octobre 1961’
Réalisé par Aude Touly, 2001, 6min.
Ce film, qui a obtenu le deuxième prix du concours des jeunes reporters de l’INA, est consultable sur le site de l’INA : http://www.ina.fr/special/concours_reporters/2001/index.fr.html

Nuit noire, 17 octobre 1961
Réalisé par Alain Pasma, fiction, 2005.
Ce film a été diffusé sur Canal +.
Les bibliothèques pourront bientôt l’acquérir auprès de l’ADAV. Demandez l’acquisition de ce film auprès de vos bibliothèques.

Pour élargir la question :

Les sacrifiés
Réalisé par Okacha Touita, fiction, 1982, 1h40.

En 1955, un an après la création du FLN, Mahmoud est expulsé de l’Algérie coloniale et se retrouve dans un bidonville de Nanterre. Après des affrontements avec la police française, il est arrêté et mis en prison. Libéré, Mahmoud reprend ses expéditions, cette fois-ci contre les harkis.
Disponible à la BMS, à la Médiathèque de Neudorf (empruntable à domicile). Vous pouvez également l’acquérir à la Médiathèque des 3 Mondes : 01 42 34 99 00 ; VHS, 15 euros.

Mémoire en blanc
Réalisé par Denis Levy, fiction, 1981, 16 mm, 3/4 Umatic. Cinéma art nouveau : 01 43 55 52 69
Ce film n’est disponible ni en VHS ni en DVD.

Octobre à Paris
Réalisé par Jacques Panigel et le comité Maurice Audin, documentaire, 1962, dont le script est paru dans un numéro de la revue Image et Son en 1963.
Le film n’est pas disponible

Mémoires d’immigrés
De Yamina Benguigui, documentaire, 1997, 158 min.
Témoignages sur l’expérience de l’immigration structurés en trois parties : les pères, les mères, les enfants. Le 17 octobre 1961 est mentionné.
Disponible à la BMS, à la Médiathèque de Neudorf (empruntable à domicile). Vous pouvez également l’acquérir à la Médiathèque des 3 Mondes : 01 42 34 99 00 ; DVD, 30 euros.

Vivre au paradis
Réalisé par Bourlem Guerdjou, fiction, 1999, 97 min.
La vie des travailleurs immigrés dans le bidonville de Nanterre pendant la Guerre d’Algérie. Leur quotidien au travers d’une famille fracturée par le désir d’accession à la modernité du père et la fidélité aux valeurs du groupe incarnée par la mère. Une séquence sur le 17 Octobre 1961.
Disponible à la BMS, à la Médiathèque de Neudorf (empruntable à domicile). Vous pouvez également l’acquérir à la Médiathèque des 3 Mondes : 01 42 34 99 00 ; VHS, 25 euros.

Enfants d’Octobre
Réalisé par Ali Akika, documentaire, 2000, 52 min.
Disponible à la Vidéo les Beaux Jours à la Maison de l’Image (consultation sur place). Vous pouvez également l’acquérir auprès de La Lanterne : 01 45 39 47 39, 35 euros, frais de port inclus (info@lalanterne.fr).


Webographie

Association 17 Octobre 1961 : contre l’oubli
http://17octobre1961.free.fr

Actualité de l’émigration :
Un dossier spécial sur le 17 Octobre 1961
http://WWW.actualite-emigration.org/une_date_pour_la_memoire.htm

La revue vacarme :
Un dossier consacré au 17 Octobre 1961 dans le numéro de septembre 2000
http://vacarme.eu.org/rubriques37.html

LDH de Toulon :
Un dossier sur les archives de la LDH de Toulon
http://www.ldh-toulon.net/article.php3?id_article=124

L’Ornitho :
Dossier sur le 17 Octobre 1961 : un pogrom signé police
http://www.ornitho.org/ornitho/dossier.php3?id_dossier=1


pour plus de renseignements, vous pouvez contacter
zemzemas sociation@yahoo.fr

legroupeinform- elles@no-log.org

Messages

  • Merci de l’information,

    Petite remarque technique : en espérant aussi - sans vouloir offenser personne - que les collectifs qui commémorent le 17 octobre écriront un tract lisible par tous, non pas un format jpeg car je n’ai pas mon microscope ..

    Concernant le 17 octobre lui même, cette date n’est toujours pas scandaleusement enseignée dans les écoles. Il y a urgence car il y a souffrance. Histoires de vie en souffrance car en attente de reconnaissance d’une "République" qui est en ce moment moins république que jamais sous la coupe d’une droite fascisante.

    Gédéon 67.

    • nous sommes vraiment désolées pour les petits aléas techniques. ce sont les risques quand des débutantes s’en mêlent !

      dès bientôt, nous mettrons en ligne le programme détaillé des commémorations. on espère être nombreux ces quelques jours de commémoration. quelques jours qui ne sont pas suffisants, nous le savons, mais qui sont pourtant tellement nécessaires.

      Marion, du groupe inform’ElleS

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