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Couverture de la guerre coloniale de l’Etat d’Israël dans les territoires occupés

Ces médias qui nous manipulent ! ou plutôt s’imaginent encore le faire !

De M.F.Baratli le 12 décembre 2004 à TF1, France 2

vendredi 17 décembre 2004

La couverture de l’opération du Terminal de Rafah (12/12/2004) Mesdames, Messieurs, Dans la couverture des événements du Proche-orient de vos journaux d’information (12/12/2004 éditions du soir), vous êtes tous revenus sur l’opération du Terminal de Rafah qui a causé morts et blessés parmi les soldats d’occupation israéliens. Or, Outre un vocabulaire inadaptée et une description subjective de cet événement, aucune de vos rédactions n’a cru utile de nous parler d’un événement qui s’était passé à peine à quelques kilomètres de Rafah et qui pourtant méritait plus d’attention que le sort de soldats d’occupation puisque la cible de sa violence a été des enfants sur les bancs même de leur classe et à l’intérieur de leur école. A Khan Younes dans cette même journée et cette même bande de Gaza, un tank israélien a tiré un obus sur une école et y a blessé 9 enfants palestiniens et leur maîtresse alors qu’ils étaient dans leur classe. Cette agression s’étant passée quelques heures avant l’opération du Terminal de Rafah, l’information et les images s’y rapportant étaient disponibles pour vos journaux du soir, relayées par les agences de presse et diffusées, entre autres, par Euronews, des heures avant vos 20h00. La vie de ces enfants écoliers palestiniens ne vaut elle pas celle des soldats de l’occupation israéliens de l’opération du Terminal de Rafah ? Par ailleurs tous vos reportages ont utilisé un vocabulaire à connotation négative décrivant cette opération de Rafah comme « attaque » (TF1) ou « attentat » (France2, i>Télé, Arte). i>Télé insistant sur la répétitivité (« un nouvel attentat ») et Arte poussant le zèle avec un « attentat le plus meurtrier depuis la mort d’Arafat ». Les auteurs palestiniens de cette opération étant eux décrit comme étant « les assaillants », « les activistes » ou au mieux « les militants ». Puis-je vous rappeler que cette opération a été exécutée : 1. à l’encontre de soldats d’une armée d’occupation reconnue internationalement comme telle 2. sur un territoire occupée et précisément un point d’humiliation quotidien pour les palestiniens occupés 3. par des membres d’un peuple sous occupation 4. en visant exclusivement une cible militaire outil de cette occupation ce qui en fait, selon toutes les normes (y compris Déclaration universelle des droits de l’Homme et charte de l’ONU) et selon toute éthique journalistique : une opération de résistance exécuté par des résistants face à une armée d’occupation (la répétition du mot occupation ici n’est qu’une humble tentative de palier à son absence inexpliquée de vos reportages alors que cette occupation est l’élément le plus présent sur le terrain et ce avant, pendant et après les « attentats ») Pourtant vos rédactions ont utilisé et utilisent toujours ces termes de résistance, résistant et occupation pour décrire des cas similaires d’occupations dont certaines moins anciennes ou moins pénibles que celle des palestiniens. Etrangement ces mêmes termes sembles être impossibles à utilser, par ces mêmes rédactions, dans le cas des palestiniens. Je passe sur le fait que cette occupation fauche chaque jour (hier seulement une fillette de sept ans) des vies qui ne valent pas dans vos journaux l’intérêt accordé à la vie de ces soldats de l’armée de l’occupation israélienne. la fréquence de ces assassinats de civiles palestiniens, sans parler des autres exactions, les faisant tomber dans la routine et leur enlevant apparemment la qualité évènementielle susceptible de vous intéresser.

Le reportage de France 2, va encore plus loin en nous expliquant que concernant cette opération de Rafah c’est « une cible symbolique où policiers palestiniens et militaires israéliens travaillent ensemble » et « un défi à la nouvelle autorité palestinienne qui a demandé l’arrêt des violences ». Or si palestiniens et israéliens travaillent « ensemble » à ce terminal, seuls des palestiniens y sont humiliés tous les jours, le Terminal n’obéissant qu’aux ordres de l’occupant israélien qui le ferme à sa guise des jours entiers bloquant la vie des palestiniens. Quant à travailler « ensemble », je rappelle que des palestiniens et des israéliens travaillent aussi « ensemble » à bâtir le mur israélien, à construire les colonies et y cultiver les terres, mais peut-être faut-il expliquer que les palestiniens sont contraints à ce « travail ensemble » pour survivre, après que les israéliens les ont dépossédés de leurs terres.

Concernant la violence enfin, il est utile aussi de rappeler que malgré les appels de l’autorité et des trêves palestiniennes unilatérales, la violence n’a jamais cessé du côté israélien sans que France 2 ne parle jamais de « défi à la nouvelle autorité palestinienne » S’il est compréhensible qu’une Europe et particulièrement une France, traumatisés par la guerre et vivant depuis des décades en paix, sont enclines - de ce fait - à considérer négativement la violence en général et quelle qu’elle soit, les journalistes français ne devraient pas projeter leur sentiment et environnement sur des événements se déroulant dans d’autres conditions et contextes, et il devraient retourner à leur Histoire, pas si lointaine d’ailleurs, pour comprendre qu’une certaine violence est parfois légitime voire nécessaire et salutaire, et qu’autour d’eux des noms de rues, de places, de lieux et de monuments aux martyrs portent encore des noms de personnes qui, il y a soixante ans plus ou moins, exécutaient des opérations en tout point semblables à celle du Terminal de Rafah. Cordialement

M. F. BARATLI

source : Coordination de l’Appel de Strasbourg

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