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Traité constitutionnel
C’est Noël en mai pour les Français
vendredi 6 mai 2005
C’est Noël en Mai. Et le père Noël, pour ses livraisons extra-saisonnières, est désormais sponsorisé par Bruxelles, Washington et Tokyo. Mise à plat, la directive "Bolkenstine", baissée, la TVA pour les restaurateurs avec la bénédiction de Bruxelles, acceptée par le Japon - et par conséquent par Washington - la construction du pharaonique réacteur ITER à Caradache, en France. Les Français, tous justes bons il y a peu encore pour être terrorisés par un battage sécuritaire sans pitié, sont enfin invités par ceux-là même qui aiment à se donner des rôles de protecteurs à ne plus avoir "peur". Rassurés, gâtés, bordés, les petits Français sages sont invités à s’endormir en paix le 29 mai, et à se reposer sur les "grands" qui veillent sur eux, qui ne pensent qu’à leur bien à longueur d’année, qui depuis des décennies ont construit pour eux un monde et une Europe de paix, de prospérité, de bien-être et de loisirs. Et si ce n’est pas vrai, ce n’est pas bien de le dire.
Mais qui a peur, et de quoi ? Dans l’hexagone, jamais la pression conformiste de l’establishment politico-économico-politique n’a été aussi forte, unanime et massive sur l’électorat au point que (du 1er janvier au 31 mars) 79% des intervenants autorisés à s’exprimer dans les médias étaient des tenants du "oui" (voir l’Appel de journalistes et grand reporters mis en ligne le 4 mai 2005 pour le dénoncer) En fait depuis le mois d’avril et la grande peur des "ouistes" provoquée par les sondages, ce taux a dû bondir à des sommets inouis dans l’histoire de la propagande politique en France.
Les Français se gaussaient il y a peu de la lamentable situation d’américains soumis - pour aller la faire en Irak - à une propagande médiatique éhontée et mensongère. Depuis qu’ils ont eu le malheur de dévoiler à leurs instituts de sondages qu’ils allaient voter NON, ils constatent tous les jours qu’en France ce n’est guère plus brillant. Ici aussi, un décor de strass et carton-pâte filmé en vidéo numérique est censé tenir lieu de réalité réelle, avec maintenant en prime des micro-trottoirs montrant de jeunes et belles "nonsk" repenties après avoir reçu - enfin - lumières et conseils des ténors septuagénaires du "oui".
Autant les médias américains ont construit, et construisent encore, une réalité virtuelle sur mesure pour décrire l’Irak, autant les médias Français nous retapent sans vergogne - en bons artistes pâtissiers à la solde des banquets parisiens - une réalité virtuelle sur les bienfaits d’une Europe puissance au coeur d’un monde économique globalisé. Que cette puissance soit d’emblée vendue, et que le néo-libéralisme atlantiste et giscardien de la 3ème partie du traité soit une sauvagerie qui a déjà duré trop longtemps que l’on tente maintenant de déguiser en acte civilisateur, c’est justement ce qu’il faut taire en "rassurant".
Mais il reste de l’ouvrage pour les marketeurs du "oui". La différence, et elle est de taille, est qu’il n’y a que 140 000 américains à tâter de la réalité Irakienne réelle, mais qu’il y a bien 50 millions de Français hors projecteurs qui tâtent quotidiennement de la réalité réelle en France, des "bienfaits" de l’Euro et de leur pouvoir d’achat revenu récemment en boucle au niveau de ce qu’il était en 1950*. Il faudra bien se résoudre à leur faire encore quelques promesses** pour tenter de les aider à l’oublier.
PB
* chiffres concernant le pouvoir d’achat moyen des salariés. Source CERC-Association (voir par exemple http://filinfo.joueb.com/news/144.shtml
** Promesses qui n’engagent que ceux qui y croient d’ailleurs, puisque les députés européens n’ont même pas attendu le 29 mai pour rejeter la mise à plat de la directive Bolkenstein, annoncée à grand renfort de publicité médiatique. Chirac nous promettait le retrait de Bolkestein. Ne voila t-il pas que dès le 28 avril l’amendement proposé par les Verts, qui demandait une harmonisation par le haut et la fin du principe du pays d’origine de cette directive, a été rejeté par 444 (Droite, Libéraux et "socialistes") députés contre 125 (groupes GUE/GVN et Verts).
Catherine Trautmann a voté contre ...
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