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France 1955 - 2005

Cinquante ans de décolonisation manquée des esprits, des coeurs et des institutions

dimanche 20 novembre 2005

Et voila l’état d’urgence et les hélicoptères pour les "quartiers indigènes", sans compter les voix qui en appellaient à l’armée ! Les baufs des centres villes et des campagnes approuvent avec force bruits de bouche. La guerre d’Algérie ne serait-elle encore et toujours pas finie ? Dans les cités par contre, on savait depuis longtemps que l’ordre colonial était toujours en vigueur en France. Il fallait être journaliste ou bobo pour l’ignorer.

Il est vrai qu’il est récent qu’on parle de guerre d’Algérie. A l’époque les médias parlaient des "événements" en Algérie. Un peu comme maintenant on parle des "casseurs" et des "petits délinquants" à propos d’une révolte en bonne et dûe forme. Mais s’il s’agit d’une révolte, contre quoi se révoltent-ils donc au lieu de voter Sarkozy ou Hollande comme tout le monde s’apprête à ne pas le faire ?

Des outils législatifs de la guerre coloniale contre une population issue des colonies

En définitive, la révolte des "sauvageons", des "racailles", des "petits délinquants" de l’été indien 2005, aura eu ce grand mérite que de révéler au grand jour la réalité -cachée derrière la censure bavarde et les auto-congratulations franchouillardes - que les ségrégations raciales, religieuses, sociales, économiques, éducatives, judiciaires et policières subies dans les banlieues depuis des décennies relèvent ni plus ni moins que de la perpétuation des logiques coloniales toujours vivaces car jamais regardées en face, tant au niveau des mentalités populaires et élitaires que des pratiques administratives.

Les politiciens français de gauche comme de droite devront une fois de plus faire un choix entre leurs calculs à la petite semaine homicides et sociocides consistant à surfer sur la vague du racisme et organiser une vraie place aux petits-enfants "d’indigènes" transbordés durant quatre décennies en Métropole pour y être exploités sans vergogne - ainsi qu’il seyait et sied toujours à la mentalité coloniale -.

A gauche, perpétueront-ils les calculs d’un Mitterrand jouant sur l’immigration pour renforcer un Front National capable de mettre la droite en minorité ? Sûrement pas, parce que ce calcul, comme tout calcul perver, a été déjoué depuis que la droite a su racler vers l’extrême-droite en imitant jusquà sa terminologie discriminatoire ? Qui sur les trottoirs des banlieues ou dans son sofa derrière son poste de télé et ses rondelles de saucisson ignore que "Racaille" fait partie du vocabulaire raciste de l’extrême-droite depuis que "Bougnoule" tombe sous le coup de la loi proscrivant les termes racistes ?

Une des questions principales touchant à l’ordre public à plus long terme est de savoir jusqu’à quand les racistes au sein des "forces de l’ordre" auront carte blanche pour harceler les jeunes au faciès ou même pour les bastonner sans vergogne, les racketter, voire les abattre ? Pourquoi ces jeunes prennent-ils la fuite et se font-ils électrocuter ? Pour continuer à mieux prétendre qu’ils protègent les Français, les gouvernements continueront-ils à jouer les provocations et à autoriser les B.A.V.U.R.E.S., les "Balles Atteignant Victorieusement Un Ressortissant Etranger" selon la blague favorite en vogue dans les pelotons concernés ?

Concernant la "cohésion sociale et culturelle" en France, jargon désignant la gestion administrative des réalités provoquées par le racisme et la pauvreté, la question est de savoir de combien de millions d’actes de solidarité concrête et palpables ces "gens" bénéficieront de notre part, de votre part ?

Combien de blancs accepteront-ils de déplacer la frontière coloniale de leur définition de "l’humain digne de ce nom" pour y intégrer les pauvres, les arabes, les noirs ? Combien de milliers de propriétaires seront-ils prêts à accepter de louer à des arabes ou des noirs ? Combien de milliers de patrons, de cadres, toutes tendances politiques confondues seront-ils prêts à embaucher au mérite sans critère de faciès ou de religion ? De combien de soutiens bénéficieront les porteurs et porteuses de projets issus des Cités "sensibles" ou des milieux associatifs à haute valeur ajoutée éthique ? Combien de d’emplois relocalisés seront-ils maintenus ou créés en contravention avec la bible néo-libérale du profit prêchée depuis Washington ? De la réponse à ces questions, qui dépendent de chacun et chacune d’entre nous et d’aucun Sarkozy, Villepin, Fabius ou Hollande, dépendent en grande partie le bien-être et en tout cas la véritable "sécurité" des personnes et des biens en Europe.

Et pour ces milliers d’émeutiers, de jeunes gens, voire d’enfants, les prisons pour enfants construites avec tant de prévoyance seront-elles les seules attentions de la part de la République ?

PB

première mise en ligne 8 nov 2005

Messages

  • Les Français n’ont pas fait par rapport à la colonisation et à ses crimes, dont le principal est la "sous-hommisation" des indigènes le travail de conscience qui avait été fait par les allemands après la chute du nazisme.

    La récente loi obligeant les professeurs d’histoire-géographie à parler de façon positive de la colonisation est un scandale de négationisme historique. La réactivation de la loi de 55 sur l’état d’urgence est un acte manqué, un retour du refoulé qui n’a pas fini d’ébranler toute la société française.

    Géo

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