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Reprise en main gouvernementale après le « non » français

samedi 18 juin 2005

En dehors du fait que l’ensemble des gauches semble hostile au fonctionnement qui était sous-jacent au passage de la ratification constitutionnelle référendaire et hormis un François Bayrou qui ne sait plus à quel sein (sainte) se vouer, n’y aurait-il donc que les dirigeants de cette Union européenne qui soient encore en faveur d’une montée en régime d’une dernière tournée pour forcer le « oui », presque désavoué par une large majorité des populations, pour que le domaine réservé européen dont ils seraient les seuls et derniers héritiers, en paraisse révéler tant d’incohérences fonctionnelles ?

De sournoiseries politiques en bas coups agités par des autorités administratives inhérentes aux structures de rassemblement attentées, ils parlent déjà d’un arrêt européen ; tout au moins d’un ralentissement. Sourde oreille sur les volontés des peuples d’exprimer ouvertement et sans partis pris idéologiques excepté ceux des outils d’une pensée rationnelle qui permettrait de décrypter entre les lignes où pouvait nous conduire une Charte de projet constitutionnel européen élaborée par les éminences technocratiques ne tenant pas compte de la remise en cause globale et structurelle d’une Europe censée développer à une plus grande échelle les mêmes techniques utilisées à l’unité de chaque pays pour que certains s’enrichissent tandis que d’autres s’appauvrissent. Refondre le capitalisme dans une dilution constitutionnelle n’est pas une des garanties des plus sûres, un tant soit peu attentif que l’on serait, à l’aspect périlleux de son fonctionnement élaboré pour ne servir au bout du compte qu’un tiers de possédants.
Car elle est effectivement bonne cette Europe puisqu’elle allait sacraliser les appuis tous azimuts du soutient droitier français permettant à l’esprit des droites (…) de déferler sur une « autre » Europe, de s’en emparer catégoriquement de manière politique et synchronisée en faisant valoir son modèle économique comme une seule et unique référence adaptable au cadre d’un marché unique dont les bénéficiaires pourraient se remplir les poches « easy ».

Alléchante et pas inintéressante, l’Europe ainsi emballée pouvait tout se permettre, faire taire le socialisme et ses bases de gauche accusées si injustement à tort au cours de l’histoire, envahir tous les marchés possibles et en créer d’autres, au plus grand nombre possible pour que suffisamment de dirigeants puissent en survivre tout en laissant en sommeil tout un prolétariat et de côté toute une certaine forme de précarité ; ces misérables qui ne se cachent plus, la justice devenue contre paritaire. La gauche ayant donné à la droite ce pouvoir d’infléchissement par ses propres diatribes directionnelles, connaît là une rupture des plus cinglantes dans ses démarches historiques entreprises pour arracher un possible majoritaire et un solide pouvoir au socle d’une minorité élitiste conservatrice de ses pouvoirs.

Ne faut-il pas revenir à sa première rupture qui n’avait jamais eu lieu de toute l’histoire politique de son existence en France lorsqu’elle entrepris de se séparer de sa partie la plus à gauche se croyant ainsi, et se donnant par là même, le droit et la légitimité de s’octroyer les seuls et uniques pouvoirs décisionnels montrant de ce fait au monde qu’elle n’était rien d’autre elle aussi qu’un parti de droite, dans son fonctionnement et sa structure hiérarchisante tout au moins, attachée quand même à l’écologie de son avenir ?

Mais que pouvons nous faire d’autre que d’être apeuré par une droite devenue d’une majorité oppressante - alors qu’elle ne concerne qu’une faible partie des individus, que ses mots d’ordres restés toujours lettre morte et sans effets si ce n’est (…) – la minorité gouvernante qu’on lui connaît. Et que dire encore de l’hypothétique « victoire à la Liverpool » de Chamalières, le toujours si opportuniste Bayrou parlant de « cohabitation institutionnalisée » proche d’un coup d’Etat langagier ou encore le non moins talentueux Président du groupe UMP qui de sa bien faible vision est à l’estime devant « tous les talents rassemblés » maintenant que cette nouvelle forme gouvernementale est reformée pour mieux cacher la continuité qu’elle représente et qu’elle impose à chacune de ses interventions sur les institutions. La manière dont elle aborde les questions – attention aux modifications envisagées sur le code du travail et aux travaux forcés à des chômeurs incapables des les assumer même si matériellement ils sont estimés bons à l’ouvrage -, la façon d’user de son pouvoir pourrait retourner la malhabileté perçue en des qualificatifs extrêmes propres aux méthodes de leurs exigences.

L. CH.