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Déconstruire la mentalité coloniale Occidentale, l’obstacle israélien.

samedi 12 août 2006

Un premier constat est que la déconstruction de la mentalité coloniale Occidentale et Européenne ainsi que de sa barbarie banalisée par un racisme persistant est un travail qui n’a pas été fait et dont nous voyons les conséquences tragiques se déployer chaque jour de façon plus visible avec un nouveau cycle colonial en Orient, assorti cette fois d’une rupture dans la cohésion des sociétés Occidentales désormais globalisées.

Les post-colonial studies se sont développées depuis 20 ans, surtout dans le monde anglo-saxon dans une phase, la fin du XXème siècle, où on pouvait penser que le colonialisme était en voie de faire partie du passé de l’histoire humaine. Actuellement, les post-colonial studies se retrouvent prises dans les enjeux renouvelés de l’histoire coloniale en marche. La recherche post-coloniale, étudiant la colonisation, ses modalités, ses stratégies, ses aspects sociétaux, ses aspects philosophiques se retrouve - par la lucidité qu’elle développe contre la propagande d’un nouvel ordre colonial en marche, bien involontairement parfois en première ligne de la contestation de celui-ci.

En Allemagne, après la défaite de 1945, un travail de témoignage et de conscience avait permi de déconstruire le nazisme pour toute une génération et de retirer de façon prolongée l’Allemagne de la liste des Etats caressant des rêves d’expansion militaire ou des peuples agités d’accès meurtriers de mystique nationale. Il en a été de même pour le Japon jusqu’au revirement de son suzerain américain qui pousse désormais à sa remilitarisation dans la perspective d’une confrontation prévisible avec la Chine.

En France, en Angleterre et aux U.S.A. (pour ne citer qu’eux) mais aussi en Russie ou en Chine, peu, voire aucun travail de mémoire et de conscience n’a été effectué par rapport à la colonisation et à la barbarie sanglante et spoliatrice qu’elle a représenté et qu’elle représente encore pour les populations qui l’ont subies ou qui la subissent. La rhétorique du communisme autoritaire contre "l’impérialisme capitaliste" masquait à l’intérieur de l’URSS et de la Chine la poursuite de l’asservissement des populations indigènes, musulmanes, sibériennes, tibétaines. L’écrasement sanglant et le martyre de la Tchétchénie au tournant du millénaire démontre la perpétuation de la domination coloniale Russe sur son pré carré impérial.

En Occident, les sphères intellectuelles, de la culture, les institutions et fondations, notamment celles liées à la mémoire juive de la shoa, qui ont mené pour l’Allemagne nazie un travail remarquable et persévérant, sont restés muettes quant à la tâche - immense - de la déconstruction de la mentalité coloniale et de sa barbarie tant dans les institutions, que dans les mentalités politiques et populaires.

Objectivement, tout retour de conscience de l’Occident par rapport à son histoire coloniale se heurte, non seulement à une culpabilité refoulée mais aussi de la part de nombreux intellectuels ayant accès aux médias et à l’édition à une auto-censure sur ces questions pour préserver les intérêts de la seule aventure coloniale occidentale à contre-courant que représente la colonisation de la Palestine puis la création et l’expansion territoriale de l’état d’Israël.

Tout travail sincère de mémoire post-coloniale, en Europe et en France, mais aussi aux Etats-Unis, se heurte de front au courant intellectuel issu directement du sionisme historique en tant que doctrine politique, mais aussi plus indirectement aux objections et diversions des apologistes pro-israéliens qui craignent qu’un affaiblissement de l’héritage colonial dans les institutions politiques et militaires en Occident, et dans les mentalités, du sentiment de supériorité et d’inculpabilité occidental, ne nuise à l’appui des Etats-Unis et de l’Europe à l’état d’Israël.

Réciproquement, les complexes militaro-industriels occidentaux, avec leurs influence sur les états, leurs ramifications capitalistiques dans la presse, l’édition et les médias audio-visuels trouvent dans la banalisation et l’apologie au quotidien de la réalité des crimes coloniaux israéliens et l’instrumentalisation médiatique des actions désespérées de résistance des "indigènes" depuis des années le moyen de faire se perpétuer dans les opinions publiques le système de valeur colonial des "deux poids et deux mesures" (une mesure pour les occidentaux, une mesure pour les indigènes) qui rend possible aux yeux de l’opinion le nouveau cycle d’implantation militaire des Occidentaux en Orient.

Les études post-coloniales en France, demeurent pour une grande part politiquement incorrectes et rejetées comme telles en marge. Elles se heurtent non seulement à la culpabilité des institutions et des personnes impliquées historiquement dans des exactions contre les populations indigènes, ce qui suffirait déjà en matière de difficulté, mais parce qu’elles ont un prolongement touchant au domaine hyper-sensible de l’antisémitisme et de sa confusion entretenue médiatiquement avec la dénonciation de la part de barbarie du sionisme.

La déconstruction du colonialisme historique et contemporain en France, en Europe et aux U.S.A. devient un enjeu majeur de la résistance ctoyenne face à un nouveau cycle de guerres interventionnistes clairement visible sur l’échiquier du "grand jeu" Oriental. La projection de troupes coalisées anglo-saxonnes, de l’OTAN et de l’Union Européenne en Afghanistan, en Irak et bientôt au Liban ou ailleurs, bien que présentées à chaque fois à l’opinion sous l’angle d’opérations de "pacification", quasiment humanitaires, et pourrait-on dire, justement à cause de cela, signent leur appartenance à la tradition coloniale occidentale, dont le sionisme israélien a été à la fois le "gardien du feu" pendant un demi-siècle dans les opinions publiques et la tête de pont sur le terrain à l’Est de la Méditerrannée.

PB 23 juillet 2006

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