La règle d’or et le Cheval de Troie des « indignés unis d’Europe »

A-J Holbecq prouve que le budget d’un pays comme la France serait équilibré s’il n’y avait pas les intérêts de la dette (Voir  son article « évolution des soldes primaires du budget » (1)(2).

La « règle d’or » qu’exigent les oligarques de droite (France) et de gauche (Espagne), c’est à dire l’équilibre budgétaire gravé dans la constitution, n’est pas la « règle d’or » que les peuples confrontés à la « crise systémique » institueront en matière budgétaire et monétaire.

Le budget d’un état comme celui de la France ne serait pas déficitaire depuis des  années s’il n’y avait pas les intérêts de  la dette  à payer. Après 30 ans de mensonges, le déficit reste un argument des néo-libéraux pour privatiser et démanteler les services publics et pour confier aux grands groupes nationaux et internationaux de nouveaux secteurs d’activité, au détriment des usagers, bien souvent, et des salariés qui se sentent trahis jusqu’à s’immoler par le feu. Or le poids de la dette est justement une création du néo-libéralisme. Il a explosé en France depuis la privatisation du crédit public opéré Valéry Giscard d’Estaing, véritable cheval de Troie du néo-libéralisme  en Europe. La loi Pompidou-Giscard a caviardé l’Europe par Maastricht, puis est devenue l’article 123 du traité de  Lisbonne. Toute l’Europe y est désormais soumise.

La crise des dettes publiques soulève d’indignation les populations d’Europe : pourquoi les états souverains s’obligent-ils à payer de lourds intérêts ? Plus grave eu égard aux défis de notre siècle, pourquoi n’ont-ils plus le droit de frapper monnaie pour couvrir leurs besoins en investissements, notamment ceux nécessaires à la mutation énergétique, à la lutte contre la crise climatique, écologique, toxicologique, à la relocalisation de la production, à la mutation des circuits de production et de distribution ? Et au fait, pourquoi les peuples ne frapperaient-ils pas monnaie et ne géreraient-ils pas eux-même par d’autres institutions les flux du crédit en fonction de choix démocratiques, du droit au logement, de l’avenir de la planète, etc.,  plutôt qu’en fonction des impératifs du profit financier pour lui-même des banques privées ? Vous ne nous en croyez pas capables ? Chiche !

Mais pour l’instant, il ne nous est possible de rien faire, parce que, d’abord, il y a l’article 123 du traité de Lisbonne.

En Europe, si les élites ne sentent pas le vent tourner pour mettre fin à la spéculation,   il est évident que l’exigence de l’abrogation de l’article 123 sera l’une des principales revendication des « indignés unis d’Europe ». Ce sera l’article 123 qui fera le cheval de Troie de la démocratisation des questions monétaires, qui fera la « marche du Sel » vers l’indépendance monétaire des peuples qui veulent reprendre les rennes de leur destin. La règle d’or à instituer, ce n’est pas « l’équilibre budgétaire », c’est-à-dire la rigueur au  service de l’intérêt de la dette. La « règle d’or » qui sera instituée en Europe, ce sera la souveraineté monétaire des peuples démocratiques dont les prive le « privilège » bancaire, le clientélisme des politiques… et l’article 123.

La définition de la monnaie, la création monétaire publique et les choix d’orientation du crédit (on vous prête ou non pour votre maison, pour votre centrale nucléaire… on vous prête avec, ou sans intérêt…) engagent l’avenir des familles, mais aussi de la planète et de l’humanité.  Au crépuscule de l’ère des dinosaures de la croissance, ces questions ne peuvent décemment que relever de la gestion démocratique directe et d’institutions de proximité profondément réformées. Le cycle qui s’achève de gestion de la monnaie par les seuls intérêts privés, la caste commerciale et la technocratie est sur le point de nous faire enfin assister à la révolution copernicienne de l’économie : l’Homme non plus au service de l’argent, mais l’argent au service de l’Homme. Un grand moment dans l’Histoire. C’est maintenant.

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(1) cf. l’article invité publié chez postjorion.wordpress.com

(2) cf. l’article Dette de l’État : tout irait bien s’il n’y avait pas les intérêts à payer novopress.info

Novopress complète à la fois les chiffres et le raisonnement :  »le « programme » dit « charge de la dette » représente 45,3 milliards. Cette somme représente donc le montant des intérêts de la dette de l’État. Ces intérêts sont soumis à deux effets : l’effet volume et l’effet taux. En premier lieu, l’augmentation du volume de la dette, et en second l’augmentation des taux (pour l’emprunt à dix ans : 2,53% le 30 août 2010 et 3,56% le 14 mars 2011) font que la charge de la dette passe de 37,6 milliards en 2009 (loi de règlement) à 40,5 milliards (budget exécuté) en 2010, pour atteindre 45,3 milliards (loi de finances) en 2011. »… La montée de la dette publique inquiète la Cour des comptes. Son Premier président, Didier Migaud, estime qu’une hausse de un point des taux d’intérêts entraînerait une charge supplémentaire de 2 milliards d’euros la première année, 6 milliards la troisième et jusqu’à 14 milliards la dixième. Sur les six premières années, cela représenterait un montant cumulé supérieur aux 35 milliards d’euros du « Grand emprunt » cher au Président Sarkozy… » (2)

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