Vers un 4ème changement de paradigme monétaire ?

Billet de 5 milliards de Marks en 1923

Billet de 5 milliards de Marks en 1923

En prenant un peu de recul historique par rapport aux détails techniques de l’histoire récente de la monnaie, on distingue 3 âges principaux de la monnaie. La monnaie-dette des marchands antiques, la monnaie-or du Souverain et la monnaie-dette des banques modernes depuis le XVème siècle. Nous sommes à l’aube de l’apparition d’un 4ème âge de la Monnaie : celui de la monnaie gérée démocratiquement, qui attend simplement encore de savoir ce qu’est une démocratie.

La monnaie-dette matérialisée par des reçus sur tablettes d’argile, des omoplates de chameaux, des billes d’argiles scellées, etc. des marchands de la haute antiquité était une monnaie libre émise par des acteurs économiques impliqués dans leurs échanges.

Ensuite la monnaie-or émise par le Roi ou l’Empereur facilitait les échanges au sein de la population, mais était déjà devenue une servitude pour le peuple. Le souverain impose au peuple sa monnaie par la force, en obligeant paysans et artisans à accepter des pièces qui lui servent à payer sa soldatesque et à lever l’impôt. L’outil d’échange est aussi conçu comme un outil de pouvoir du Souverain tant par rapport à ses peuples qu’à ses vassaux condamnés à perdre progressivement de leur influence. Déjà à ce moment, le droit de frapper monnaie était un monopole et un chemin vers la toute-puissance. Cette monnaie-or était également bien plus pratique pour lever l’impôt que par des saisies en nature.

La monnaie-dette vénitienne, qui est celle des banques privées (et de quelques rares banques mutualistes) et qui leur donne depuis le XXème siècle tout pouvoir sur les peuples, les états, les entreprises, revient à donner au secteur privé de recherche exclusive du profit l’initiative de la création monétaire et du flux des investissements. C’est le système d’émission de près de 90% de la monnaie en circulation dans le monde et qui par son caractère exponentiel a assuré au fil des siècles la « prévalence » de l’Occident querelleur sur toutes les autres civilisations que ses nations et ses compagnies prédatrices, en perpétuelle rivalité pour la puissance, ont colonisé et détruit. Il aboutit à la croissance exponentielle de la masse monétaire, de la dette et aboutit inexorablement à la dévastation de toutes les ressources du globe au service de la logique du profit devenu totalitaire. La puissance des acteurs de la création monétaire privée est telle qu’ils sont parvenus, tant aux USA qu’en Europe, à dépouiller les états-nations de leur privilège de frapper monnaie sans avoir à payer d’intérêts*.

Maintenant, la crise du taquet de l’universalité de la la dette a déclenché via internet et l’Open Publishing multilatéral une « vulgarisation » massive de la question monétaire malgré l’omerta médiatique tant publique que privée. Ce qui se pose enfin, c’est une des questions-clefs qui avait échappé à Karl Marx au XIXème siècle et qui va immanquablement révolutionner notre monde : celle de l’importance stratégique de la gestion démocratique de la création monétaire. Frapper monnaie est une prérogative du Souverain, du moins c’est ainsi que le peuple a été conditionné à penser la monnaie, d’abord avec les rois et ensuite, depuis les siècles où la Banque et les puissants dissimulent aux yeux du peuple leur rôle et les collusions en oeuvre dans la création monétaire privée. Maintenant, le peuple se rappelle qu’en démocratie, c’est lui le Souverain et se demande sur tous les tons pourquoi ce privilège est monopolisé par des banques privées irresponsables par rapport au destin collectif des peuples, des nations et de l’écosystème du globe.

Dans ce contexte pré-révolutionnaire au sens civilisationnel autant que politique, les monnaies locales et les SELs participent de la pédagogie et de l’éducation populaire quant à la question monétaire. Celle-ci est devenue un enjeu de civilisation, un enjeu vital pour sortir de la démesure de la modernité et permettre la Transition vers des activités humaines mieux régulées.

Mais la critique est aisée et l’art difficile. Les formes que peuvent prendre ce 4ème âge de la Monnaie sont multiples et sont encore peu explorées relativement à l’abondance des critiques suscitées par le système actuel. Ces formes sont, selon de degré de profondeur de la réforme politico-économique qui émergera dans les faits pour sortir de l’ornière : re-nationalisation de la création monétaire publique ; réforme des acteurs économiques et financier de leur statut Privé de Capital en statut géré collectivement et de façon multilatérale, ainsi que l’explore le droit expérimental des « Communs ». C’est une solution de transition qui permettrait de conserver le système des réserves fractionnaires, mais de le faire fonctionner de façon non purement étatique à partir d’acteurs collectivement responsables et contrôlés démocratiquement ; et enfin octroi pur et simple de la prérogative de frapper monnaie et de la responsabilité de contribuer à l’équilibre monétaire systémique aux assemblées souveraines et démocratiques, qu’elles soient nationales ou subsidiaires (territoriales), selon la nature centralisée ou confédérale des démocraties qui seront instituées ; octroi aux acteurs économiques, individus et entreprises, d’émettre la monnaie-dette correspondante aux services ou aux biens qu’ils fournissent à leurs clients en même temps qu’ils créent une dette. C’est une forme de création monétaire que tout un chacun peut expérimenter dans un SEL** près de chez soi. Ce sont ces 4 solutions, certainement à panacher, et d’autres peut-être encore, qui méritent de faire l’objet de recherches sérieuses, de l’application de l’intelligence collective des réseaux de Crowd Thinking que la population oppose aux Think Tanks des multinationales et de l’oligarchie en terme de création symbolique et de production de solutions.

V.A. 29 août 2015,texte librement reproductible en faisant mention de la source : http://vigilius.eutopic.info

* Le système US de la « Fed », obligeant le Trésor Public à payer des intérêts pour ses obligations émises a passé l’Atlantique suite à l’offensive de la secte néo-libérale, avec la loi Pompidou-Giscard en France, devenue l’article 104 du traité de Maastricht puis l’article 123 du Traité de Lisbonne.

** SEL, Système d’Echange Local (LETS dans les pays anglo-saxons). Ces systèmes de solidarité gèrent des monnaies locales souvent basées sur le temps dont les unités sont émises directement en même temps qu’une dette par ceux qui fournissent des services

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One Response to Vers un 4ème changement de paradigme monétaire ?

  1. Tim Osman says:

    Si la paix dure: un salaire minimum mondial verra le jour, il pourra ouvrir le chemin à une monnaie unique, le passage à une seule monnaie détruira la création de richesse issue du marché des changes… cette monnaie rendra du travail aux pays riches.

    Mais voyant le nombre de soldats déployé vers le pole nord, en Asie, en Europe de l’est, et même un peu partout en Europe jusqu’au 13 septembre au moins… l’option guerre mondiale est sérieusement envisageable: un retour au troc sera inévitable: le système monétaire numérique a de sérieuse limites, le première étant la vérité, le contrôle de la réalité numérique, et l’autre c’est la destruction de toute la monnaie (les données numériques) d’une zone donnée… cette destruction est certaine, car les pays développé ont basé leur défense sur l’utilisation de satellites, en les détruisant avec une engin à haute altitude, tout l’électronique en dessous suivra: la 2ème cible d’une 3 eme guerre mondiale est inconnue: si c’est la Suisse, la valeur de la monnaie papier disparaitra: comme plus de la moitié du négoce se passant en Suisse, cela fait des envieux.

    Maintenant que les États ont promis les années d’impôt à venir au monde financier, ils n’ont pas le contrôle, et le monde financier s’arrange très bien de la situation actuelle…

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