Quel visage pour la civilisation post-capitaliste ?

La démocratisation de la vie, de la gouvernance, de la direction des entreprises de la finance, de l’industrie et des services sera tôt ou tard au coeur de la prochaine révolution mondiale, tout simplement parce que ces acteurs, leur logique, leur déconnexion par rapport à la réalité humaine, sociale et écologique est au coeur des problèmes à l’ère du grand tournant.

Quel visage aura la civilisation post-capitaliste ? Les gens souhaitent plus de démocratie, plus d’équité, plus de partage, plus de responsabilité par rapport aux impacts négatif des activités économiques. Ils souhaitent que la paix s’établisse autour d’eux, de meilleurs logements, une nourriture saine, une activité professionnelle sans subir le harcèlement moral de la hiérarchie, pour eux et leurs enfants, moins de cancers dûs aux dizaines de milliers de molécules chimiques domestiques, moins de guerres et d’horreurs, moins d’algues vertes sur les plages ou de centrales nucléaires prêtes à exploser dans leur voisinage.

Pour obtenir tout cela, nous sommes nombreux à vouloir vivre une réelle démocratie maintenant, oui, pour remplacer la logique implacable et insensée des marchés et du profit qui corrompent toutes les élites, contournent toutes les régulations, ou bien pire, les imposent pour obliger les citoyens à payer l’intérêt de l’argent que leurs états n’ont plus le droit de créer, les obliger à payer toute leur vie durant des loyers et des traites et des intérêts exagérés pour se loger,  des lois scélérates qui interdisent au paysan de planter ses semences, au particulier de produire son électricité, de se loger ou de se soigner naturellement au moindre coût, de choisir sa vie, d’offrir  l’hospitalité aux migrants chassés de chez eux par l’exploitation éhontées des richesses du monde ou les guerres fomentées pour le profit.

Sans préjuger d’autres évolutions, étant donné la puissance des acteurs économiques et leur toute puissance sur les élites et les institutions des états et des organisations internationales, il devient de plus en plus évident qu’il n’y aura pas de démocratisation de la vie économique sans démocratisation directe de la gestion stratégique et opérationnelle des acteurs économiques eux-mêmes, c’est à dire des entreprises, des banques privées, des filiales locales des multinationales ou bien des multinationales elles-mêmes…
Les entreprises bancaires, financières, industrielles et des services (hors PME, artisanat, commerces individuels) ne pourront plus très longtemps relever du seul droit privé issu de la modernité, et ne peuvent pas être confiées au secteur public (pour des raisons de compétences et parce que personne n’y croit plus). Elles seront certainement à gérer au sein d’un tiers secteur à fonder en droit, celui de Res Communis, des « choses communes » dont le destin, la prospérité, l’évolution nous importe en commun, de même que leurs défauts actuels à corriger. Leur pratique systématique de l’obsolescence programmée, leurs pollutions, leurs toxines, leur dangerosité, leur perversité géopolitique, les conséquences sur le climat des choix de modes de vie qu’elles nous imposent nous impactent tous.
Les « choses communes » que sont les grandes entreprises, sont à gérer stratégiquement, et de façon opérationnelle non pas par le seul capital (libéralisme), non pas par les seuls producteurs (marxisme), sous la houlette de leurs technocraties étatiques respectives, mais par tous les acteurs concernés à savoir les fondateurs, les inventeurs, les travailleurs, les acteurs d’émission monétaire par le crédit, les fournisseurs, les clients, les collectivités, les usagers, etc.
Les bonnes pratiques qui préfigurent la gestion multilatérale des « choses communes » a déjà commencé à s’inventer et à se démocratiser sur les places publiques du monde qui en sont les premières agora et amphitéâtres. Ce sont elles qui préfigurent la gouvernance de demain et qui donneront confiance aux acteurs concernés pour changer de paradigme. Nous sommes désormais tous co-responsables de la réussite de l’intelligence collective. Cette (r)évolution touchera tôt ou tard les conseils d’administration autant que les institutions et les services publics. Il n’y a pas d’autre issue systémique à la crise actuelle.
La civilisation post-capitaliste, celle que nous souhaitons capable de régulation et d’équité, aura un nom et des pratiques qui restent à inventer ou à conforter. Mais elle ne se fera certainement pas sans démocratie directe, participative ou représentative élargie aux acteurs économiques eux-mêmes.

Vigilius

version 22 octobre 2011

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2 Responses to Quel visage pour la civilisation post-capitaliste ?

  1. Gibert Frey says:

    Cher Vigilius,
    Le copier/coller de ci-dessous mériterait d’être complété par un chapitre réservé à un bénéfice indispensable à tous système économique ne serait-ce que pour assurer les investissement de modernisation des outils de travail.Ne pas oublier les impôts pour la rémunération des fonctioon
    Les « choses communes » que sont les grandes entreprises, sont à gérer stratégiquement, et de façon opérationnelle non pas par le seul capital (libéralisme), non pas par les seuls producteurs (marxisme), sous la houlette de leurs technocraties étatiques respectives, mais par tous les acteurs concernés à savoir les fondateurs, les inventeurs, les travailleurs, les acteurs d’émission monétaire par le crédit, les fournisseurs, les clients, les collectivités, les usagers, etc.

  2. #
    François R. : Donc tu propose un genre de communisme économique ? hé bien a notre époque et avec nos moyens pourquoi pas !

    #
    Vigilius Argentoratensis : Oui, plutôt un « mutualisme » un « gouverner ensemble » les entités industrielles qui conditionnent notre vie. Le mouvement coopératif et mutualiste des XIXèmes et XXèmes siècles préfigure ce geste, mais échoue à cause d’une conception primitive de la démocratie d’entreprise. Si nous parvenons à faire émerger de l’intelligence collective dans nos assemblées populaires en élaborant des décisions collectives au consensus, nous aurons enfin dépassé le règne du rapport de force (que ce soit celui du pouvoir des propriétaires (capitalisme pur), ou celui qui vise à obtenir une majorité par la manipulation, la désinformation ou l’abus de charisme (la démocratie représentative qui désigne des chefs qui prennent les décisions pour tous).

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