En France, la croisée des chemins est un rond-point.

Où sont les éco-innovateurs sociaux ? Où sont les forts et les sages ? Où sont les puissants et les riches ? Nous ne sommes pas encore au complet, c’est pénible.

 

1. L’internationale financière et capitaliste en ordre de marche

La masse, c’est le peuple privé de ses élites. Ne parlons pas de celles qui ont trahi pour une montagne ou une poignée d’Euros et un place au chaud dans le paradis immanent de la consommation. Ces élites-là, économiques, politiques et médiatiques ont viré leur cuti néolibérale dès les années 70 pour mieux enculer le peuple, faisant mine de croire en la Main Invisible du dieu marché et en la vertu monétaire de la déesse dette. La mauvaise foi permet de se regarder dans un miroir. Elle dicte dans les rédactions: « malgré le démantèlement du secteur public et social, le blanc seing donné à la finance et aux banquiers centraux ne ruisselle-t-il pas partout pour assurer la prospérité de chacun selon sa compétitivité ? » ou encore : « Malgré le 7ème continent de plastique, le poison mis dans l’air dans l’eau dans la terre ou la chair de tous, malgré l’extinction des espèces, la canicule et les tempêtes, ne sommes-nous pas en train d’investir de plus en plus dans la croissance verte ? ». Passons.

2. Les fers de lances croisés du Prolétariat

Restent les autres élites, celles qui sont du côté du peuple.
Du côté des élites phares du prolétariat (vocabulaire du XXè s.) ou qui croient l’être, mais en tout cas qui maintiennent la tradition de l’éducation populaire, en 2018, c’est la première fois dans ce siècle que la gauche révolutionnaire anti-capitaliste et sociétalement progressiste d’un côté et le souverainisme volontiers autoritaire et conservateur de l’autre collaborent de facto au sein et en marge d’un mouvement de révolte populaire. En 2011 avec les Indignés pour une Démocratie réelle (Occupy Wall Street), et ensuite, avec Nuit Debout, c’était impossible. Mais justement, ce n’étaient pas des révoltes populaires. Maintenant, même M. Ruffin devenu député entre temps, met en sourdine l’appel au cordon sanitaire antifa. On croit rêver. La connerie aurait-elle ses limites d’un côté ou de l’autre. L’union sacrée se fera-t-elle enfin en ayant identifié correctement l’ennemi principal, qui est aussi l’ennemi de toute vie sur Terre ?

3. Les colonies ici

Maintenant, les indigènes de la République, déportés ici avant la désindustrialisation, sont déjà aux côtés du peuple parce qu’on leur a récemment interdit l’entrée à l’Université. Tout le monde constate comment ils sont plus exposés que d’autres à être alignés à genoux et mains derrière la tête comme les Palestiniens de Cisjordanie.

4. Les éco-innovateurs sociaux

Parmi ceux qui manquent cruellement pour compléter ce tableau coloré, ce sont justement ceux qui ont la clé de la solution d’avenir qui manque aux deux premiers. Il s’agit des éco-innovateurs sociaux déjà en retrait de la prodution-consommation et affranchis des modes de vies taxables, ou bien en voie de l’être. Pour ceux-là, se préoccuper des taxes sur le gazole est un combat d’arrière-garde trop honteux. Ils disposent pourtant, avec les geeks cyber-communautaires, des solutions d’intelligence démocratique à la hauteur des mutations à l’oeuvre dans l’humanité interconnectée. Par la Permaculture ils disposent de l’approche systémique holistique à la hauteur des défis économiques et environnementaux. De la solidarité et de la participation constructive de leur part serait la bienvenue, surtout que leurs oasis de verdures finiront aussi en grillade désertique s’ils continuent à penser s’en sortir seuls au coin du feu alors que 7 milliards d’humains risquent encore pendant 50 ans à mettre partout le feu au climat si tout le monde ne s’y met pas. Et l’idée vaut aussi pour les villas des nantis appelées à être noyées sous la montée des océans, et le reste à l’avenant.

5. De l’ancien au nouveau Consensus

Le consensus du Conseil National de la Résistance de 1948 a vécu. Il est mort dans les affres d’une longue agonie suite à la gangrène monétaire inoculée dès 1973 sous forme de dette exponentielle à faire peser sur le secteur public ; gangrène généralisée à toute l’Europe par les traités de Maastricht et de Lisbonne. Un demi-siècle plus tard, le néo-libéralisme n’en finit pas de fêter sa victoire totale dans les convulsions et les bruits de bottes. Conçu pour faire triompher les intérêts des puissants, il est sur la trajectoire d’accomplir sa mission jusqu’à la rupture systémique ; déjà étudiée à la loupe par les cyniques suicidaires pour savoir comment en tirer profits et bénéfices.
Mais il est temps de sortir sa tête de son cul. Depuis, la Libération, le monde a changé, de nouveaux périls inouïs se dessinent pour la Civilisation et la Vie, où du très riche aux plus démunis et il ne suffira donc pas de restaurer le pacte du CNR d’équilibre public-privé. La 6ème extinction des espèces est amorcée, y compris de la nôtre avec la crise climatique.
Il nous faut donc bâtir, avec imagination et intelligence, un nouveau Consensus et en illuminer la Civilisation, et pour cela en appeler à tous les êtres de conscience quel que soit leur bord. C’est, dit-on, le destin de la France et ce qui est attendu d’elle.
Des 0,01% aux 99,99 % tous, nous avons à écrire l’Histoire au futur, pour nos enfants, mais aussi pour tout ce qui verdoie, pour les oiseaux du ciel, pour tout ce qui grouille sur Terre ou qui nage sous les eaux.
Le peuple crie aux fenêtres, mais dans le silence et le vide entre les étoiles, la Terre bleue et vivante porte encore et toujours une Humanité tiraillée entre démesure et sagesse ; une humanité qui malgré sa tendance à chuter dans la cupidité le stupre ou l’orgueil, reste son plus bel engendrement. Nous avons tous perdu notre dignité, soyons donc sublimes. Tissons l’étoffe jaune fluo de l’avenir avec courage, amour et intelligence.

Argentoratum, décembre 2018

source illustration : http://blogfr.p2pfoundation.net/tag/communs/

Vigilius Argentoratensis, licence Creative Common CC-By-SA, octobre 2018, texte librement reproductible, réutilisable, modifiable, y compris à un usage commercial, mais en faisant mention de la source : http://eutopic.net/vigilius et à condition que le texte modifié soit publié sous la même licence.

This entry was posted in Intempestives, Non classé, Syn-Archie and tagged , , , . Bookmark the permalink.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *