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Constitution européenne

"Oui" ou "non" mais changeons !

vendredi 20 mai 2005

Dans ce terrible bras de fer auquel se livrent le « oui » et le « non » à propos du référendum sur le projet de constitution européenne, bien malin qui serait capable d’émettre la moindre prévision quant au résultat qui sortira des urnes au lendemain du 29 mai à tel point que même les sondages subissent la vrille de la valse hésitation qui s’est emparée des débats

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Entre l’adhésion et le rejet, le fossé s’est élargi pour creuser dans les consciences une prise en compte des possibilités d’une autre politique européenne que le « non » revendique haut et fort non pas par malhonnêteté ou par l’esprit de révolutionnaires noircis par la pensée de « moutons » mais née de la réflexion forgée sous le poids du chemin parcouru jusque là - Schengen est loin d’être le point de référence exemplaire qu’il faudrait poursuivre - qui laisse en plant 20 millions de chômeurs et 60 millions de pauvres ainsi qu’une flopée d’angoisses salariales motivées par l’utilisation que le grand capital escompte tirer de la mise à sa disposition d’une main d’œuvre flottante tentant avec succès ou vainement de s’accrocher à la corde du capitalisme qui se resserre petit à petit autour de son cou.

Aux vues de la conjecture économique et sociale, il n’est pas de toutes les sérénités de vouloir poursuivre à ce rythme et de telle manière le projet européen…
Certaines forces de la gauche européenne en appellent à un « non » de raison plus que de protestation en opposition aux licenciements intempestifs encouragés par l’opportunité d’une Europe prédisposant à une certaine mobilité industrielle alliée à la recherche d’une main d’œuvre de moins en moins cher dans le but de maximiser les profits du patronat sans pour autant réellement et vraiment rehausser le niveau de vie des membres de cette communauté européenne devenant de plus en plus dépendante des règles du marché des échanges, des subventions allouées, de la maximisation des profits et de la progressive définition d’un inutile européen dès lors qu’il ne s’inscrirait pas dans les contours définis par des accords constitutionnels avec son cortège d’entraves aux libertés individuelles et les foudres d’une coercition imposée qui risquerait de gonfler les rangs des laissés pour compte d’un projet européen qui, quoi qu’on en dise, sera toujours à double vitesse du moment que n’en soit pas modifié l’orientation politique majeure qui pour l’instant laisse en confrontation permanente le PATRONAT/CAPITAL avec le SALARIAT/PRÉCARITÉ. Finalement ce système européen tel que le défini les règles capitalistes pour lesquelles les socialistes ont plus ou moins d’appoints porte en ses lignes la seule possibilité d’accroître les dysfonctionnements et de faire disparaître le « bas » leurré à se faire hisser vers le « haut ». Au creux de ces disparités il faut bien se poser la question d’à qui sert l’Europe industrielle et technocratique que nous prépare le texte d’un traité tourné subitement en constitution même si à côté et à moindre frais se développent également des projets culturels et s’y adjoignent des mesures en faveur d’une protection sociale dont la nécessité ne fait pas oublier l’urgence.
Hormis la multitude des concitoyens européens par définition qui n’ont pas besoin de passer par le délire de la crise identitaire pour savoir ce qu’ils sont et d’où ils viennent mais dont on pourrait dire qu’ils ne verront jamais la couleur d’une certaine Europe institutionnalisée incorporée à une louable laïcité profitant de l’aubade pour réimposer une certaine structure d’accession sociale et de diffusion, aux vues de la restrictive soumission capitalistique sous-jacente à la formulation du texte demandé à être ratifié ; très peu d’individus ont les deux pieds dans l’Europe. En avoir un pied ne doit pas être si mal doit se dire le cadre A ou B siégeant au parlement et qui risquerait peut-être un jour de se voir licencier par le « haut », histoire de changer un peu les protocoles des mesures économiques destinées à temporairement poursuivre l’asphyxie européenne en implantant ailleurs la bouffée d’oxygène capable de poursuivre les affaires. Sous prétexte d’équilibres économiques, le marché européen s’est fait doubler par les dirigeants qui l’animent et qui finirent par se jouer des pires déstabilisations appelés qu’ils étaient à toujours et encore maximiser à outrance les profits et ceci non pas seulement entre les pays de l’espace européen mais à l’intérieur même de ces pays engagés vers de rudes concurrences avec à la clé aucune stabilité en perspective, durable et vivable pour et par le plus grand nombre des individus composant les populations des « 25 ».

La seconde motivation principale qui pousse une bonne moitié de l’électorat français, voir peut-être même un peu plus à rejeter le projet de traité constitutionnel exprime la volonté d’un « non » de conviction attaché à un engagement historique qui remet en question le principe politique qui exigerait que l’économique impose au social ses règles et sa méthode, système de l’échange qui se souci peu des secteurs de traîne à moindre portée européenne amenés à disparaître pour être remplacés par l’extérieur à l’importation par des pays développant encore l’activité restée exploitable pour cause de main d’œuvre à bon marché parfois encore soumise à des statuts de quasi mise en esclavage et dont la protection sociale ou la défense des droits salariaux sont presque inexistants. L’exemple tout récent du textile chinois a encore fait bouillir les eaux calmes du processus européen et pousse à l’interrogation non plus d’une organisation syndicale mais d’une réflexion générale sur un monde global de part le rapprochement géographique qui nous touche directement dans un secteur économique déjà en pleine crise depuis deux décennies (trois ou quatre pour les premières entreprises frappées par la crise économique), n’enlève en rien à ce type de pratique mondiale le caractère spécifiquement planétaire que le système de marchés et d’échanges capitaliste parvient à instaurer aux lois sociales comme le montrait il y a quelque temps les problèmes soulevés par les femmes employées dans des usines de pesticides au Guatemala soumises à des conditions de travail strictes et rigoureuses et débouchant au mieux sur des problèmes graves de santé.

Le « non » marque la réaffirmation de l’engagement de la gauche dans un processus historique…
Les appellations de monde marchandise, de monde poubelle, de dérèglements climatologiques ne sont pas assez puissantes pour tracer avec suffisamment de force l’avenir qui nous devance et la catastrophe écologique à laquelle nous risquerons de ne pas échapper si les politiques de demain s’entêtent à accorder la prédominance au tout économique qui place l’individu comme un subalterne sans force de décision pris en étau entre sa propre survie et les exigences productives dans lesquelles il s’insère à salaires modérés. Néanmoins elles signifient assez clairement ce de quoi seront faits les jours de demain et le quasi grincement de dents des industriels lorsqu’on leur parle de protection de l’environnement et des investissements que cela nécessite pour se mettre au niveau des lois non polluantes ainsi que la difficulté qu’il y a à contrôler chaque site de rejets de gaz toxiques. Pour mettre à niveau les 25 pays constituants l’espace économique européen, le texte de la charte doit être plus exigeant sur le respect et l’application des seuils d’émissions polluantes et adopter le principe du pollueur payeur redevable d’assumer pleinement la facture des dépassements autorisés.

Ce contexte écologique résulte de la mise en œuvre à chaque fois de politiques de compromissions où le règne industriel poursuit ses avancées sur une nature en perdition de plus en plus appelée à être sauvegardée, protégée ou contournée par la raison économique et matérielle qui accélère son usure en remettant en cause son équilibre.

L’avenir dans ce contexte européen restera le même ci ce n’est pire que le passé qu’à déjà connu l’Europe ne trouvant que de faibles alternatives au capitalisme et des adaptations fades à des démocraties sociales dont on ne sait toujours pas exactement quelle classe sociale elles auront défendues. La classe dirigeante des possédants dont ils ne purent renverser les privilèges ou le prolétariat qui, bien qu’en diminution dans les statistiques du salariat ne reste pas moins une masse humaine en expansion attendant, avec des espoirs que très limités, que lui soit rendue la dignité historique qui lui est due. Non plus par une révolution en barricades sanglantes mais par les urnes et dans une position contre révolutionnaire puisque désormais il est convenu de considérer le capitalisme tant craint, tant redouté, tant refoulé, si longtemps ignoré presque comme vainqueur auquel même la pensée serait censée se soumettre et l’obligation de l’électorat à accorder son « oui » à la référendaire poursuite de cette voix économique que constitue et cherche à instituer ce même capitalisme toujours en évolution mais toujours rattaché à la même fable.

La technique de frappe utilisée par le capitalisme dans le combat qu’il commençât à mener contre la pensée gauchiste porte encore le sang des victimes dans les rues d’un quartier latin où toute une extrême droite menait rondement des expéditions correctionnelles sur des étudiants aux pensées contraires à la politique droitière que les gens du pouvoir estimaient préserver par l’intimidation et la mise en « faire valoir de droit le conservatisme » comme la politique la plus correctement envisageable. Aujourd’hui encore ce référendum pose une possible alternance entre la poursuite de quelque chose qui n’est pas nouveau ou l’effort concerté de réellement trouver une alternative aux menaces du capitalisme autrement que dans des systèmes où cette alternance n’apparaîtrait que comme des parcelles marginales d’économies parallèles, au-delà de la dénomination trompeuse du terme libéralisme lui-même en proie à l’ad-jonction d’une particule « néo ». Bien étonné sera celui qui pourra m’expliquer quelle relance le néo libéralisme sous entend dans ses pratiques et ses appellations nouvelles en surenchère ! A se sauvegarder autour de droites réunies en une seule par sa même extrême, tantôt minimisant, exportant ou maximisant le rôle et l’importance de l’« Europe tirelire » que ce bloc droitier escompte tirer, nous nous apercevrons certainement que trop tard, finalement, que ce fut d’une sorte de néo fascisme dont l’Europe se retrouvât être la proie dans un système économique où les requins se transformèrent en loups. Les hommes d’affaires sont ainsi, sans scrupules ni pitiés lorsqu’il s’agit de licencier, couverts par les assurances d’indemnisation que leurs offrent les Etats - et la charte européenne encore plus - lorsqu’ils se mettent en suspension d’activité empochant au passage en réalité une cagnotte de pré retraite anticipée.
L’avenir européen vu autrement…

Contrairement à ce que cherche à faire croire le Président français Jacques Chirac, ce n’est pas en continuant cette Europe des riches que nous échapperont au passé et qu’en disant « non » nous resterions dans le passé de l’Europe puisque le texte envisagé sous tous les angles de ses améliorations n’apporte rien de bien meilleur que tous les textes antérieurs depuis ces cinquante années de construction européenne que Jacques Chirac aime à rappeler avec fierté. Le texte est une adaptation aux circonstances actuelles des règles d’un marché commun incluant et excluant à peu près autant de monde de chaque côté des frontières auxquelles il s’adresse avec des revendications sociales en demi teinte, à moindre coût, de considération restreinte auprès des législateurs dès lors que les majorités de gauche sont compromises et que le libre échange s’emballe dans une expansion effrénée. Poursuivre sur une telle lancée ce parcours européen si difficile, parfois chaotique nous envahi d’un abîme économique en gestation de crises humaines liées aux difficultés de la fragilité d’une situation qui nous profère une certaine prospérité mais pour un nombre restreint de récipiendaires. C’est pourquoi la constitution n’est pas égalitaire et accentue les disparités entre une sorte de bourgeoisie européenne et ce qu’elle considèrerait comme ses serviteurs dont elle disposerait à sa guise, licenciant là, dégazant ici pour finalement ne plus être qu’une ex croissance du capitalisme avec autant de problèmes que ce système a posé, jusqu’à présent dans chacun des pays, à l’être humain et à son écosystème en matière de course à l’emploi et de dégradation des milieux naturels liée aux polluants ou aux catastrophes climatologiques.

Ce texte sera également incapable de modifier les problèmes qui nous poursuivent depuis trente ans, il ne fait qu’aménager l’inéluctable combat que l’humain lance en défi à sa biosphère. Et dans ce défi l’orientation prise par le libéralisme et la clause « textée » du traité, testée jusqu’à maintenant, n’est pas suffisante et ne constitue qu’une transition qui temporairement permettra aux pays de bénéficier d’un certain niveau de croissance mais pas à long terme. Les crises connues par cet espace européen depuis qu’il se rapproche de son plus grand nombre d’adhérents tendant vers l’universel politique qui l’anime sont suffisamment alarmantes pour mobiliser hors de nos frontières la réflexion autour des niveaux de pauvreté qu’atteignent chacune des nations participantes pour sortir de la forme d’ultra libéralisme vers laquelle nous nous engouffrerions si nous votions « oui » et de laquelle il sera de plus en plus difficile d’apporter des améliorations car là où l’appât du gain en convainc plus d’un, électoralement cela s’en ressent pour schématiquement tirer vers un bloc droitier la majorité d’en haut qui réserverait au bas les couleurs les plus sombres d’une Europe dans laquelle la gauche parviendra difficilement à sauver sa mise dans le peu d’avance qu’elle garde encore sur la droite dans la prise en compte qu’elle accorde aux problèmes de ce monde dans l’élaboration de ses programmes et des buts qu’elle s’assigne autant par son « oui » - car il s’agit pour eux de garder en main le peu de pouvoir qu’elle a vaillamment remporté électoralement - que par ce « non » qui invite à envisager l’avenir d’une autre manière en mettant l’accent sur des problèmes fondamentaux de société que génère la disparité économique à laquelle nous prépare une constitution d’une maigre teneur « écologique », sociale et humaine.

L.CH

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