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Constitution européene

Un an après, ils n’ont tiré aucune leçon du NON au référendum

Le 29 mai 2005, les Français redisaient NON à Giscard.

jeudi 1er juin 2006

C’était, il y a peu, le premier anniversaire du Non au projet néo-libéral de Constitution Européenne. Un an après le 29 mai 2005, c’est le statu quo, marqué par l’approfondissement du fossé entre des élites européennes plus que jamais clientélisées et des populations dont les conditions matérielles s’approchent par l’effet conjugé des hausses (loyers, santé, énergie, alimentation) d’un point de rupture pour l’instant dépourvu de toute possibilité d’expression médiatique ou politique. De ce côté-là, il n’y a rien à espérer des élites européennes désormais en panne, avec le néo-libéralisme, quelque part au milieu de l’océan Atlantique.

Les commentateurs autorisés - c’est-à-dire autorisés à s’exprimer dans les médias de l’establishment - sont dans la même ligne que les institutions européennes qui tentent de nier l’évidence du blocage institutionnel européen. Entre autres signes de désarroi les politiques sont allés jusqu’à proposer, comme l’ont fait les Belges récemment, de faire adopter le projet de constitution en mettant en oeuvre une procédure prévue... dans celle-ci - en l’occurence atteindre le seuil de 4/5ème de ratifications pour s’en remettre au Conseil des ministres. Ceci pouve à quel point l’establishment européen a perdu le contact avec la réalité et a perdu avec le refus d’analyser les NON Français et Hollandais, l’occasion de reprendre contact avec cette réalité.

La réalité, c’est que cette constitution n’est pas en vigueur et qu’on ne peut pas s’y référer pour la mettre en place.
La réalité sous-jacente est que le paradigme économique, idéologique et psychologique auquel nos élites sont encore attachées et qui a présidé à son élaboration sous la présidence d’un Valéry Giscard d’Estaing, à savoir le néo-libéralisme - fut-il adouci par l’état providence qui accumule ses dettes pantagrueliques sur nos têtes, est en voie de déconfiture dans les opinions et que c’est irréversible. A un moment charnière de l’histoire, le projet de constitution tentait d’institutionnaliser un mirage néo-libéral de richesse et de prospérité pour tous par la vertu supposée de l’égoïsme généralisé au moment-même où les populations étaient confrontées à la "réalité" de ses conséquences. Le projet de constitution est venu trop tard. Les illusions du capitalisme populaire s’étaient déjà dissipées sous l’accumulation des factures du quotidien et du montant en Euros des tickets de caisse à la sortie des supermarchés.

La réalité psychologique, catastrophique pour l’équilibre néo-libéral de notre partie du monde, est le discrédit populaire profond dans lequel tombe la doctrine de la concurrence, de l’égoïsme et de l’exploitation systématique d’autrui qui avait été élevé au rang de vertu économique, politique et intellectuelle par trois décennies de battage médiatique.

Le discrédit de la doctrine entraîne avec elle le discrédit des médias et des politiques, de droite comme de gauche, qui s’avèrent incapables de fonder un projet de société - faut-il parler d’un projet de civilisation - au delà de l’horizon censé être idéologiquement indépassable du néolibéralisme pourrissant.

La précédente phase de mondialisation capitaliste, celle du XIXème siècle s’était achevée en Europe par le bain de sang de la première guerre mondiale dont les historiens officiels feignent de faire passer les causes comme mystérieuses encore aujourd’hui, alors qu’il est évident qu’elle a eu pour principale fonction le massacre par millions d’une population allemande séduite par les perspectives d’une révolution socialiste. Aux USA, la précédente mondialisation s’est achevée dans la crise économique mondiale de 1929, surmontée de façon artificielle et permanente par l’effort de guerre de la seconde guerre mondiale, puis celui de la guerre froide, puis celui de la "guerre permanente contre le terrorisme" que nous connaissons aujourd’hui et ses abcès en Afghanistan et en Irak.

Le principal problème de l’Europe, arrimée par d’innombrables liens capitalistiques au Titanic américain est, non pas d’être contrainte à l’immobilisme par le "blocage Français" qui est d’ailleurs tout autant le blocage Hollandais, mais d’être contrainte par ses élites à perpétuer l’horizon indépassable d’un modèle économique de domination généralisée fondé sur l’injustice, le contrôle social et la perpétuation de la guerre ou de sa menace sous tous les prétextes.

Là apparaît dans toute sa nudité l’opposition, cette fois-ci non plus seulement celle d’un mirage - celui de la prospérité pour tous par l’effet de la généralisation des égoïsmes - avec la réalité, celle des conséquences sociales et humaines catastrophiques de ces égoïsmes, mais l’opposition de deux réalités, celles de la domination et celle de la nécessité de trouver une autre voie collectivement hors de la pure folie de l’exploitation de tous par tous, institutionnalisée, rendue sexy par la pub et habillée par les médias en normalité économique et politique

Le blocage des institutions européennes est la conséquence non pas du ringardisme, mais de l’avant-gardisme des populations. En France notamment, elles développent de mille et une manières, dont celles qui passent par les urnes, leurs anticorps contre la fièvre contagieuse des possédants.

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