Renoncer à notre pouvoir de nuisance

Par ici, il en est qui sèment le vent, prennent des gens, en font des souchiens, attisent leur colère et les lâchent contre de nouveaux boucs émissaires, les arabes, les noirs, les musulmans. De l’autre côté, déjà les Saint-Just se frayent un passage vers la tribune, pour du haut de leurs 20 ans exiger la tête du « Roi », des banquiers, des patrons, bientôt écoutés par tous ceux dont la frustration est à son comble. Se garder de toute violence, résister à la tentation de ruminer de noirs desseins de vengeance est difficile, peut-être même surhumain face à tant d’insolence et de cynisme, mais c’est le seul moyen de ne pas devenir identiques à ceux que nous combattons. Réussir à rester pacifiques, ne veut pas dire se laisser massacrer ou renoncer à toute confrontation, c’est exprimer un préalable à établir entre nous, pour qu’il n’y ait pas cette fois-ci de Saint-Just, de Robespierre, de Terreur, d’épuration, ou bien de Saint Barthélémy et pour que nos rêves ne tournent pas encore une fois en cauchemar. Pour que la démocratie réelle, celle des assemblées populaires souveraines d’elle-mêmes, ne devienne pas plus inhumaine que son simulacre impuissant ou que son épouvantail, la dictature.

Promettez-le ! Pas de chasse aux sorcières, pas d' »aristocrates à la lanterne », pas de massacres, pas de pogroms ou de ratonnades cette fois-ci, que ce soit dans trois mois ou l’année prochaine, pas de champ libre parmi nous pour l’idéologue, pour le nostalgique de l’ordre ou des révolutions sanglants du passé, qui « désigne l’ennemi » et attise la colère, qui nous fasse devenir comme nos spoliateurs, nos dominateurs. Pas de chef non plus, pas de Napoléon, de Pétain ou de Lénine. L’ennemi est partout et nulle-part, c’est chacun-e de nous qui animons la bête que ce soit par notre sueur, notre consentement, notre passivité face à tant d’injustices révoltantes, ou par un obscurantisme violent. Si nous commençons à chercher des coupable et à faire tomber des têtes, rien ne pourra arrêter l’hécatombe. Nous sommes tous sur la même planète, même le riche n’est à l’abri de rien et craint pour l’avenir et la vie de ses enfants. Chacun est projeté sur sa trajectoire de vie, tous peuvent être frappés par la Grâce de l’Histoire. Nous sommes tous appelés à devenir plus sages et attentif à autrui. Désormais, nous avons tous un immense pouvoir de nuisance les uns sur les autres. Notre objectif de chaque instant, est qu’il nous faut réussir à nous mettre en situation de pouvoir y renoncer. Tous.

La meilleure façon de commencer à le faire est bien de discuter ensemble, à en être d’accord, à être assez en paix avec soi-même pour lâcher un peu ses préjugés.

En face, ceux qui profitent encore de l’ordre des choses et qui n’ont pas encore tout perdu, encore une petite majorité de personnes en Occident, ont déjà suffisamment peur de voir leur monde s’effondrer de lui-même. La peur génère la violence et l’oppression. Les « indignés », tout pacifiques et minoritaires qu’ils soient, leur font peur. Un ministre français a dit qu’ils sont « une menace pour la sécurité intérieure de la France ». Il a bien raison, mais seulement de son point de vue à court terme de propriétaire et d’officier de bord d’un Titanic qui coule. Ce qu’il craint, c’est ce qui va tôt ou tard se produire, c’est que la vraie démocratie, celle des Assemblées capables d’élaborer des consensus pour le bien général, prenne non seulement la rue et les places Tahrir, mais aussi les banques, les entreprises du CAC 40, les services publics, les maisons de la radio, les journaux…
La menace pour la sécurité intérieure de leur France, de leur Europe, de leurs U.S.A., c’est que que nous gérions nous-mêmes nos affaires, que nous frappions monnaie nous-mêmes au lieu d’emprunter et de payer des intérêts qui nous éreintent (annuellement 45 milliards d’Euros pour la seule France), c’est que nous participions (syndicats, salariés, associations de consommateurs, collectivités locales) avec un pouvoir de co-décision aux assemblées d’actionnaires de leur Areva, de leur Servier, de leur Montsanto, de leur Bouyghes, de leur Auchan, de leur France-Télécom (pour qu’on ne s’y immole plus par le feu), c’est que nous mettions fin à l’obsolescence programmée, au pouvoir sans partage de l’actionnariat, à la concurrence de tous contre tous, que nous vivions notre vie gratuitement nous-même au lieu de rêver de le faire par procuration en fantasmant sur un home cinema payé à crédit.

Mais certains « révolutionnaires » de l’ancienne école sont comme les possédants. Politiciens et possédants ont leurs vérités et leurs calculs. Ils sont en guerre et ne prennent jamais le temps d’écouter. Ils excluent les gens concernés de leurs conseils, ils craignent qu’en invitant des gens trop différents d’eux dans les assemblées souveraines, celles-ci ne donnent rien, que les choses n’aillent pas assez vite, assez loin, ou contreviennent trop à leurs intérêts tels qu’ils les comprennent avant toute discussion. Ils préfèrent rester entre eux. Mais les uns et les autres seront dépassés par la gauche, par la droite, par le haut et par le bas par les gens qui s’écoutent, qui s’aiment, se respectent, qui parlent et agissent ensemble et qui s’entraident malgré leurs différences.

Déjà, je ne peux plus payer mon loyer, ni mon chauffage, et je ne suis pas le seul. Demain ne ressemblera donc pas à hier, ni à aujourd’hui.

Demain, ce que nous aurons préparé comme relève, comme nouvelle façon de faire ensemble, ce que nous aurons tissé comme solidarités, ce que nous aurons banni comme violence, comme esprit de vengeance, ce que nous aurons commencé à penser et à créer ensemble, sera pour tous, y compris pour ceux qui nous combattent, le seul espoir qu’il y ait encore une aube après le crépuscule.

Vigilius Argentoratensis
première mise en ligne 24 septembre 2011

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« Hacking at the branches of Evil »

"There are a thousand hacking at the branches of evil to one who is striking at the root." -- Henry Thoreau

« Hacking at the branches of Evil », s’attaquer aux branches de l’arbre du mal, là où on se trouve, est un acte de résistance et une consolation pour la conscience. Mais la ramification des maux provoqués par le système de la profitation est extrême, et par conséquent la diversité des luttes contre ces maux l’est aussi. La multiplication des causes d’indignation disperse la conscience et les énergies de tous les protagonistes, les cantonne à chaque fois à la défensive, à un rapport de force presque toujours défavorable. La victoire est si rare, fragile et provisoire, la source des maux étant toujours jaillissante. Alors, vous qui combattez sur les branches de l’arbre du mal pour tenter d’en scier une, pour conjurer la défaite, ou le désespoir, ou le cynisme, comment ferez-vous cette fois-ci encore pour ne pas succomber à la tentation de devenir ce que vous combattez ?
Avant que cela n’arrive, que les résistants, les héros, les Don Quichotte remontent, par la pensée et la fraternité humaine, jusqu’aux racines, y compris en eux-mêmes, des maux qui nous assaillent tous et ils trouveront leur unité d’initiative et d’action dans la diversité des parcours ou des engagements, par delà toutes les différences de classe, de race, de culture, de religion ou de philosophie politique.

Vigilius Argentoratensis

1ère mise en ligne 23 mars 2011

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L’hydre ne se combat pas seul

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La règle d’or et le Cheval de Troie des « indignés unis d’Europe »

A-J Holbecq prouve que le budget d’un pays comme la France serait équilibré s’il n’y avait pas les intérêts de la dette (Voir  son article « évolution des soldes primaires du budget » (1)(2).

La « règle d’or » qu’exigent les oligarques de droite (France) et de gauche (Espagne), c’est à dire l’équilibre budgétaire gravé dans la constitution, n’est pas la « règle d’or » que les peuples confrontés à la « crise systémique » institueront en matière budgétaire et monétaire.

Le budget d’un état comme celui de la France ne serait pas déficitaire depuis des  années s’il n’y avait pas les intérêts de  la dette  à payer. Après 30 ans de mensonges, le déficit reste un argument des néo-libéraux pour privatiser et démanteler les services publics et pour confier aux grands groupes nationaux et internationaux de nouveaux secteurs d’activité, au détriment des usagers, bien souvent, et des salariés qui se sentent trahis jusqu’à s’immoler par le feu. Or le poids de la dette est justement une création du néo-libéralisme. Il a explosé en France depuis la privatisation du crédit public opéré Valéry Giscard d’Estaing, véritable cheval de Troie du néo-libéralisme  en Europe. La loi Pompidou-Giscard a caviardé l’Europe par Maastricht, puis est devenue l’article 123 du traité de  Lisbonne. Toute l’Europe y est désormais soumise.

La crise des dettes publiques soulève d’indignation les populations d’Europe : pourquoi les états souverains s’obligent-ils à payer de lourds intérêts ? Plus grave eu égard aux défis de notre siècle, pourquoi n’ont-ils plus le droit de frapper monnaie pour couvrir leurs besoins en investissements, notamment ceux nécessaires à la mutation énergétique, à la lutte contre la crise climatique, écologique, toxicologique, à la relocalisation de la production, à la mutation des circuits de production et de distribution ? Et au fait, pourquoi les peuples ne frapperaient-ils pas monnaie et ne géreraient-ils pas eux-même par d’autres institutions les flux du crédit en fonction de choix démocratiques, du droit au logement, de l’avenir de la planète, etc.,  plutôt qu’en fonction des impératifs du profit financier pour lui-même des banques privées ? Vous ne nous en croyez pas capables ? Chiche !

Mais pour l’instant, il ne nous est possible de rien faire, parce que, d’abord, il y a l’article 123 du traité de Lisbonne.

En Europe, si les élites ne sentent pas le vent tourner pour mettre fin à la spéculation,   il est évident que l’exigence de l’abrogation de l’article 123 sera l’une des principales revendication des « indignés unis d’Europe ». Ce sera l’article 123 qui fera le cheval de Troie de la démocratisation des questions monétaires, qui fera la « marche du Sel » vers l’indépendance monétaire des peuples qui veulent reprendre les rennes de leur destin. La règle d’or à instituer, ce n’est pas « l’équilibre budgétaire », c’est-à-dire la rigueur au  service de l’intérêt de la dette. La « règle d’or » qui sera instituée en Europe, ce sera la souveraineté monétaire des peuples démocratiques dont les prive le « privilège » bancaire, le clientélisme des politiques… et l’article 123.

La définition de la monnaie, la création monétaire publique et les choix d’orientation du crédit (on vous prête ou non pour votre maison, pour votre centrale nucléaire… on vous prête avec, ou sans intérêt…) engagent l’avenir des familles, mais aussi de la planète et de l’humanité.  Au crépuscule de l’ère des dinosaures de la croissance, ces questions ne peuvent décemment que relever de la gestion démocratique directe et d’institutions de proximité profondément réformées. Le cycle qui s’achève de gestion de la monnaie par les seuls intérêts privés, la caste commerciale et la technocratie est sur le point de nous faire enfin assister à la révolution copernicienne de l’économie : l’Homme non plus au service de l’argent, mais l’argent au service de l’Homme. Un grand moment dans l’Histoire. C’est maintenant.

____________

(1) cf. l’article invité publié chez postjorion.wordpress.com

(2) cf. l’article Dette de l’État : tout irait bien s’il n’y avait pas les intérêts à payer novopress.info

Novopress complète à la fois les chiffres et le raisonnement :  »le « programme » dit « charge de la dette » représente 45,3 milliards. Cette somme représente donc le montant des intérêts de la dette de l’État. Ces intérêts sont soumis à deux effets : l’effet volume et l’effet taux. En premier lieu, l’augmentation du volume de la dette, et en second l’augmentation des taux (pour l’emprunt à dix ans : 2,53% le 30 août 2010 et 3,56% le 14 mars 2011) font que la charge de la dette passe de 37,6 milliards en 2009 (loi de règlement) à 40,5 milliards (budget exécuté) en 2010, pour atteindre 45,3 milliards (loi de finances) en 2011. »… La montée de la dette publique inquiète la Cour des comptes. Son Premier président, Didier Migaud, estime qu’une hausse de un point des taux d’intérêts entraînerait une charge supplémentaire de 2 milliards d’euros la première année, 6 milliards la troisième et jusqu’à 14 milliards la dixième. Sur les six premières années, cela représenterait un montant cumulé supérieur aux 35 milliards d’euros du « Grand emprunt » cher au Président Sarkozy… » (2)

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Avis d’alerte à l’Ouest !

L’effondrement du secteur bancaire du 15 septembre 2008 avait été anticipée par le thinktank du Laboratoire Européen d’Anticipation Politique ( http://europe2020.org) qui avait été la seule source à en pronostiquer la date dès février 2008.

Il se trouve que le même laboratoire vient d’émettre le 15 juin une alerte pour le second semestre 2011 (1).

La situation économique des états, des collectivités et de la population est bien plus vulnérable en 2011 qu’elle ne l’était en 2008. La classe politique n’a conduit aucune réforme structurelle des secteurs financiers et monétaires. De plus, elle ne montre aucune intention, et ne dispose d’aucune possibilité de réguler l’activité des acteurs industriels qui imposent à tous, scandale après scandale, les conséquences catastrophiques de leurs activités, de leurs choix et de leurs logiques qui placent les intérêts commerciaux avant la vie humaine, que ce soit dans la pharmacie, le nucléaire, la chimie, l’agro-alimentaire, l’armement, l’automobile, l’industrie du tabac, etc.)

La crise financière, monétaire, budgétaire (qui se conjugue avec la crise nucléaire au Japon ou celle des engagements militaires occidentaux) fait apparaître au grand jour l’état déplorable de la représentation politique au sein du jeu démocratique. En Europe et aux U.S.A., les populations ne se sentent plus représentées et le  disent. Bientôt elles le crieront et commenceront à changer cet état des choses.

Si les prospectives du LEAP se confirment, tout mène à penser que nous sommes non seulement confrontés à la nécessité de surmonter une crise économique et sociale, mais  à celle de tourner une page de la modernité, la page entamée il y a deux ou trois siècles avec la remise au goût du jour de la démocratie grecque et avant elle, l’invention du capitalisme, de la finance et de la circulation de la monnaie-dette soumise à l’usure.

Tout est à repenser, tout est à refaire.

(1) sources :

Laboratoire Européen d’Anticipation Politique, Europe 2020

Voir aussi la collection d’articles du LEAP 2020 faite sur le blog Minuit-1

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Pourquoi la « Démocratie Réelle » ?

Le mouvement du 15 mai 2011 parti d’Espagne, qui a vu des dizaines de milliers de personnes occuper et camper sur les places à Madrid, à Barcelone et ailleurs, est le premier mouvement populaire du siècle en Occident à porter de façon visible jusqu’au coeur du système le germe de la revendication d’une réforme ou d’un dépassement de la forme moderne de la démocratie, cette forme directement héritée de l’antiquité grecque, et qui accomplit l’exploit d’exclure les populations de la prise des décisions.

La demande de « Democracia Real », tout le monde le sent confusément, ne peut pas être satisfaite dans le cadre de la démocratie majoritaire bi- ou multi-partisane, qui a essaimé un peu partout avec l’aide du capitalisme libéral (au sens politique), quelles qu’en soient les variantes ici plutôt parlementaire ou présidentielle ou bien assorties de différents modes de scrutin intégrant plus ou moins de proportionnelle, de suffrage universel, de grands électeurs, de bi-caméralisme, de contrôle constitutionnel, de référendums d’initiative populaire, etc.

Aux yeux du peuple, de la population, des gens « d’en-bas », aucune de ces variantes ne résout le problème principal, à savoir la réalité indéniable de la prééminence et de la toute puissance de l’influence des élites financières et industrielles sur les processus d’élaboration des lois, sur les décisions prises par les élites politiques élues et même sur la sélection des candidats au sein des appareils politiques. Ainsi que le démontre Lawrence Lessigi, professeur de droit à Harvard et Stanford, les élites politiques élues sont indéfiniment redevables aux élites financières et industrielles des moyens de leur élection ou de leur réélection, et ont peu de marge de manoeuvre pour prendre en compte et satisfaire les besoins et aspirations réelles des populations qui les élisent.

Lorsque la logique de la toute puissance des intérêts de la finance, de l’industrie, du capital aboutit à la crise globale économique-monétaire-budgétaire-écologique-climatique-sociale, c’est-à-dire au point de rupture d’un système devenu global organisé autour de la seule « profitation », alors les populations qui souffrent prennent conscience qu’elles ne sont plus représentées par personne dans les institutions et que celles-ci ont d’ailleurs été privées de leur souveraineté. Le « défaut de démocratie », la perçeption du fait que la démocratie « n’est pas réelle » apparaît au grand jour et la gravité de la crise les amène à chercher à évoluer vers une « démocratie réelle ». Pour elles, sur toutes  les « places de mai » présentes et à venir, ou bien dans la solitude et la réflexion, se pose la question. Comment ?

Vigilius Argentoratensis

4 juin 2011

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Qui fera quelle révolution « pour la liberté et un avenir meilleur » ?

La révolution, que ce soit dans le monde arabe, en Occident ou ailleurs, peut survenir quand le peuple qui se soulève pour manger se joint au peuple qui se soulève pour sa liberté et pour un avenir meilleur.

Mais en Occident, à qui se joindra le peuple affamé ? La démocratie occidentale ne promet plus d’avenir meilleur. Elle ne promet plus d’avenir du tout pour beaucoup en Europe et aux U.S.A., et plus d’avenir pour la planète non plus d’ailleurs. Que voudra le peuple d’Occident qui se soulèvera pour sa liberté et pour un avenir meilleur ?

Une révolution démocratique ? c’est justement la démocratie parlementaire, en tant que système qui est incapable de réguler la finance et l’industrie qui décérèbrent les populations, empoisonnent et ravagent la planète, érigent des tyrans, et massacrent en répandant des tapis de bombes facturées au contribuable-électeur-consommateur au temps de cerveau disponible.

C’est la bien la démocratie dite moderne qui échoue en tant qu’espoir en un gouvernement du destin des hommes pour autre-chose que pour conforter les privilèges, exploiter, occuper, guerroyer, ravager. C’est elle qui déçoit historiquement et qui enferre le monde dans la « crise systémique globale » aussi sûrement qu’une dictature ou qu’un fascisme. Tous les systèmes de pouvoir hiérarchisés qui séparent les élites dirigeantes du peuple souffrent de la même collusion essentielle de ces élites avec la finance, l’industrie et les mafias. La démocratie parlementaire partisane ne fait pas exception, de même que ne ferait pas exception un gouvernement mondial conçu avec les concepts grecs de démocratie accommodés de technocratie. Ce n’est pas le peuple qui propose les lois, c’est la coalition des élites qui les tisse et les déploie, qui les impose, comme elle a imposé à l’Europe le traité de Lisbonne en même temps qu’elle dépose le monde et ses habitants au pied du capitalisme pour qu’il les exploite et les ravage ; chose qu’il fait ici de façon barbare et là de manière civilisée avec à l’appui le code du travail et de toutes les autorisations préfectorales qui lui sont nécessaires.

Alors, quelles usages inventer, quelles lois inspirer pour affranchir le monde de la dette monétaire, de la toute-puissance des logiques de l’industrie et de la finance privées qui font tant de mal ? Tant qu’il n’y aura pas de réponses à ces questions, il n’y aura pas de révolution ni d’évolution, c’est-à-dire pas de répits du côté de la crise systémique globale, alimentaire, sécuritaire, énergétique, sanitaire, écologique, climatique, militaire, coloniale, migratoire, pétrolière, financière, économique, monétaire, sociale et démographique.

Qui va apporter les réponses ? Pas le politicien préoccupé par le financement de sa prochaine campagne électorale ou par l’emploi qu’il occupera après son poste de ministre. Pas le scientifique sectorisé aux inventions brevetables. Pas l’universitaire préoccupé par son équivalent contemporain de la question du sexe des anges. Pas l’expert clientélisé par l’état, le riche et le puissant. Pas celui qui travaille et qui ne rêve que de repos. Pas l’oisif désoeuvré ou jouisseur. Pas le peuple abonné à l’assommoir de l’industrie médiatique. Alors qui ?

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De l’interdiction de la tisane en Europe

Le 30 avril 2011, l’Union Européene accouche du fruit d’un lobbying incessant de l’industrie pharmaceutique qui conduit à l’interdiction de fait du commerce des plantes médicinales en Europe.

Une association, l’ANH s’est constituée pour déposer un recours pour « Abus de  pouvoir » contre l’Union Européenne. Elle a besoin d’être soutenue par un vaste collectif citoyen. Voyez la vidéo et le lien vers la pétion de soutien  ICI

Encore une fois, l’industrie privée a pris l’initiative et  fait aboutir ses intérets au détriment de ceux des êtres humains en général.

La réaction contre cette directive est indispensable et mérite tout  notre soutien et notre implication à court terme.

Mais cette question, quelle que soit l’issue du bras de fer entre les industries pharmaceutiques et les citoyens européens, ne fait que reposer celle – radicale – de la réforme de la gouvernance des sociétés de droit privé, seule à même d’après notre analyse, de résoudre ce type de problèmes nés de la  toute-puissance du pouvoir corporat sur  tous les autres  pouvoirs..

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L’avantage décisif du  »Sente », de l’initiative.

Sur mille qui s’indignent, un s’engage. Sur mille qui s’engagent, combien proposent-ils de faire autre chose que de réagir et au contraire, de prendre l’initiative ?

Dans le jeu de Go, dont l’enjeu est la liberté, l’initiative se nomme « sente ». Sur ce damier éminemment symbolique de 360 intersections où s’affrontent les pierres blanches et les pierres noires comme autant de jours et de nuits, le fait de prendre l’initiative et d’ouvrir un théâtre d’opération (ou de représentation) est un avantage décisif. Celui qui ouvre la partie ou met fin à un échange avec la prérogative de pouvoir choisir son prochain coup, son prochain terrain, d’avancer la première bille en forçant l’adversaire à réagir, celui-là, sauf erreur, gagne. Tant qu’il prend et garde l’initiative.

Le capitalisme est une machine à prendre des initiatives, c’est-à-dire à gagner. Chaque acteur de l’économie capitaliste, mis en concurrence parfois mortelle avec tous les  autres se doit de prendre le plus possible d’initiatives pour « gagner » ou « garder » le marché. Pour cela, il embauche avec sa monnaie de singe les meilleurs talents, les esprits les plus brillants, les caractères les plus  trempés et leur promet selon l’expression consacrée « des couilles en or ». En face, les décroissants, les décalés, les anachroniques, les amoureux du temps qui passe ou les acteurs éthiques ne peuvent que subir l’assaut incessant des initiatives prises dans le creuset du système de l’exponentielle où tous les charbons sont toujours ardents. Le bon peuple des indignés que nous sommes tous aura à peine commencé à prendre conscience d’un piège, pas même à lutter contre lui, que déjà dix autres nouveaux sont creusés derrière son dos. La liste est interminable, et encore plus longue la liste des morts qu’il faudrait nommer. Après la vache folle, l’amiante, les 35.000 molécules toxiques et cancérigènes de REACH, les pesticides, les antennes de téléphonie, les poisons pharmaceutiques, les spéculations sur les  matières premières, sur les denrées, sans parler des manipulations d’opinion pour facturer des cannonières…

Les médias et les gouvernements du monde entier à la solde des intérêts privés multiplient aussi les initiatives, mais pas celles que les foules sentimentales attendraient, bien au contraire. Et les centaines de « collectifs » qui s’épuisent contre ceci, contre cela, contre telle loi, contre telle pratique de l’administration, chacun isolé dans son indignation sélective, sont bien incapables d’arrêter quoi que ce soit, sauf anecdotiquement sur des points de détails, ce qui est en  passant une façon de maintenir sous perfusion la fiction que « la démocratie » n’est pas encore un vain mot.

Si le capitalisme gagne, si « le gouvernement » gagne, si quel que soit celle ou celui qui sera élu, tout ce cirque ne fera que continuer à tourner jusqu’à la nausée finale, c’est parce qu’avant tout il cultive l’initiative, il prend l’initiative, il garde l’initiative.

Dans le jeu de Go classique, le « sente » de la première pierre noire posée était compté pour valoir 5 points. Dans le Go moderne, on sait désormais que l’avantage pour Noir de commencer vaut en réalité beaucoup plus et constitue un handicap bien plus lourd pour Blanc. Mais au fait, le Grand Jeu de la vie, qui l’a commencé ?

Vigilius Argentoratensis
première mise en ligne 7 mars 2011

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Révolution monétaire et abrogation de l’article 123 du traité de Lisbonne

Analyse de la Crise Systémique Globale et propositions d’orientations pour le Mouvement Social

version 0.7

par Vigilius Argentoratensis

Politiques du Mouvement Social

1. La révolution monétaire : une priorité pour le mouvement social

Il est prévisible que la question de la politique des banques centrales et de l’orientation de la circulation monétaire par le crédit soumis à intérêt, monopole des banques privées, devienne de moins en moins marginale pour le mouvement social et aussi dans le débat politique dès qu’elle sera décalottée une fois secouée par la rue ces prochaines années, ce qui ne manquera pas d’arriver à cause de la crise sociale et du niveau abyssal d’endettement public et privé que chacun peut mettre en face de la montagne de masse monétaire investies dans des bulles par le système bancaire et financier. Qui manipule la création et la circulation de la monnaie ? Au profit de qui ? Avec quelles conséquences économiques, politiques, budgétaires, sociales, écologiques, humaines ? Pourquoi en est-il ainsi ? Comment changer ça ? Qui cherchera à nous en empêcher ? Qu’il ose !

C’est cela, la montée de la conscience de la révolution monétaire.

Il y a deux scandales dans le système mondial de la création monétaire, et le troisième scandale, celui qui accompagne sa chute, révèle peu à peu aux yeux de tous que ce système est avant tout né de l’abus de position dominante que confère sa compréhension sur tous ceux, les élus et les populations, qui ne le comprennent pas.

Depuis quelques décennies mais surtout depuis 2001 et 2007, (entre autres crises) l’Europe et les U.S.A. affrontent deux crises du côté des grosses questions d’argent méconnues du public et même de certains publics qui pensent être bien informés par les médias spécialisés du système. La première crise dont il est question ici est structurelle et historique et tient à la dynamique et à l’organisation de la création et de la circulation monétaire elle-même, l’autre, celle du gonflement de la dette publique et de la faillite des collectivités et des états sur-endettés, passe pour budgétaire, mais elle tient aussi au carcan qui limite la création monétaire et l’empêche de servir au bien commun.

Voici pourquoi. Aux USA et en Europe, la faillite des états et des collectivité est avant tout une conséquence, cumulée sur des décennies, de l’interdiction désormais faite au Souverain (c’est-à-dire le Peuple, paraît-il dans les démocraties) de créer sans avoir à payer d’intérêts au secteur financier la monnaie nécessaire à ses investissements publics.

Du point de vue des acteurs du mouvent social, la focalisation de l’attention sur ces crises a eu comme principale conséquence entre 2000 et 2010 de stimuler de façon rafraichissante la critique du système occidental au point de faire émerger de nouveaux axes d’analyses critiques, de revendications et de propositions à la fois révolutionnaires et structurants pour l’avenir. Ces axes nouveaux ont un fort potentiel de mobilisation populaire, mais aussi de mobilisation des élites et des acteurs économiques parce qu’ils visent à faire reculer les limites du système lui-même et qu’ils ne sont pas réductibles aux débats bipartisans. C’est exactement ce qu’il faut au mouvement social pour cesser de tourner en rond et enfin contribuer à impulser un nouveau paradigme de civilisation.

L’irrépressible émergence politique de la question de la création monétaire

Les crises monétaires du passé récent ne sont pas la « crise de la création monétaire » elle-même de ce début de XXIème siècle, à laquelle nous faisons face depuis quelques années et qui est autrement plus grave. Cette question de la monnaie, opaque comme le sont toutes les évidences avant d’être pointées du doigt a été est est encore méconnue du public, de l’écrasante majorité des élus, de la majorité des acteurs économiques et des commentateurs autorisés sur les médias, c’est-à-dire suffisamment lisses ou mal informés pour être autorisés à se présenter à l’écran ou sur les ondes.

Le débat, resté longtemps circonscrit dans quelques sphères d’économistes ou d’activistes marginaux a explosé depuis la crise de 2007-2008… grâce à internet et presque uniquement sur internet (web et forums). Dans les médias industriels ou contrôlés par les états en Europe et aux U.S.A., le silence radio et le brouillage systématique sur ces questions reste de la plus grande rigueur au moment où ces lignes sont écrites (début 2011).

La question de la création et de la circulation monétaire est chaude, très chaude et sa chaleur diffuse imperceptiblement mais inexorablement depuis le cyberespace dans tout le corps social occidental. Aux USA, où la crise est plus avancée, Wall Street et l’establishment composent déjà avec la rue, avec le tea party, avec l’irrascibilité parfois flingueuse d’une population armée jusqu’aux dents. En Europe, la critique de l’Euro, de sa défense ou de son abandon masque médiatiquement la question essentielle qui est sous-jacente. Comment, par qui et pour quoi sont créés les Euros ou les autres monnaies. Qui en conditionne la circulation ? Selon quels critères et avec quelles conséquences ?

La question de la création et de l’organisation de la circulation monétaire et du crédit frappera aux portes des chancelleries, s’invitera sur les plateaux des médias, sur la place publique et résonnera aux pieds des gratte-ciels jusqu’à leur sommet, ou du sommet jusqu’à leur base. Les questions d’argent passent pour techniques et obscures. C’est faux. Il suffit de ne pas noyer le poisson.

D’abord l’explication : La dette, c’est de la monnaie en circulation et cette circulation est chèrement payée.

Relevons ici, après bien d’autres (1), le défi du rattrapage scolaire de ce qui n’est pas enseigné à l’école publique. Comment est créée la monnaie ? Cette question permet de comprendre comment les choses se passent et pourquoi si nous ne faisons rien tout ne peut que craquer et aller de travers, quels que soient les efforts déployés en réaction à d’autres problèmes, eux aussi dignes d’indignation.

L’évidence apparaît dès que disparaissent les simplifications fautives, voire mensongères. On raconte aux gens que l’argent qu’ils empruntent à leur banque est de l’argent créé par une banque centrale et que d’autres ont déposé sur leur compte. C’est une simplification grossière. En réalité 93% de l’argent que l’on dépose sur son compte courant ou qu’on épargne est de l’argent mis en circulation par une banque au moment où des gens ou des collectivités contractent une dette auprès d’elle. Les banques (privées dans la plupart des cas et n’oeuvrant pas dans le souci de l’intérêt général) ne disposent au départ que d’une fraction ridiculement faible de la monnaie brassée par le crédit et soumise à chaque fois à de lourds intérêts.

En ce début du XXIème siècle, seuls 7% de l’argent, imprimé ou frappé sous forme de billets ou de pièces de monnaie est créé par les états ou les banques centrales. Tout le reste, c’est de l’argent qui circule sous forme de dettes accordées par les banques généralement privées qui en ont le monopole.

Voilà les faits. Ils sont assez faciles à comprendre, finalement. Pourquoi laisser la chose dans le flou ou à des experts ? Sommes-nous trop bêtes pour nous saisir de la question ? Pourquoi les débats démocratiques médiatisés, surtout à un moment où les états sont en faillite, n’abordent-ils jamais cette question. Elle recèle pourtant la solution à bien des problèmes, parce qu’elle est à l’origine de bien des problèmes.

Quand les « questions d’intérêts » mènent la cavalerie à la catastrophe

Que la monnaie soit mise en circulation sous forme de crédits par les banques en fonction de critères qui sont les leurs et non pas de critères d’utilité publique, éthiques, écologiques, citoyens, etc. voilà la principale question de civilisation que soulève le système actuel.

Mais dans le système de la circulation monétaire par les banques, le fait que l’argent qui circule soit simplement la contrepartie de dettes n’est pas la seule chose à comprendre. Il est important de comprendre qu’il s’agit d’une cavalerie qui s’accélère à cause des intérêts exigés à chaque étape et qui nous conduit droit au-delà du bord de la falaise de la crise environnementale globale.

Après calcul, en 20 ou 30 ans ces intérêts doublent la somme à rembourser, ce qui condamne le système global à une croissance exponentielle de l’activité économique, de la création monétaire, de la surexploitation des ressources ! En effet, à chaque tour de ce manège infernal, nous ne pourrons rembourser cette somme doublée (celle détruite par le remboursement et celle demandée en plus pour les intérêts) que s’il y a suffisamment de monnaie… c’est-à-dire si d’autres s’endettent à leur tour, et ainsi de suite et toujours plus, toujours plus vite. C’est une « cavalerie » qui ne marchera que le temps de trouver d’autres gogos, privés ou publics pour s’endetter. Mais maintenant, c’est déjà fini ! Ce système a aboutit à couvrir la planète entière d’individus, d’états et de collectivités irrémédiablement endettés jusqu’au cou. Il n’y a plus personne à part en Chine pour s’endetter pour le prochain tour de manège ! Ce n’est pas une crise monétaire comme une autre qui est devant nous, c’est la crise de la monnaie-dette elle-même. Faites vos provisions de sucre et de farine, ou mieux, plantez de la stévia et des pommes de terre.

La création et la circulation monétaire conçues et contrôlées par des banquiers centraux privés (USA) ou technocratiques (Europe) ainsi que par les banquiers privés en fonction des seuls critères de l’économie capitalisto-centrée est un processus qui cache sous son capot le moteur le plus puissant, le plus aveugle et le plus secret de la «malédiction» de la croissance qui ravage la planète, éteint les espèces, fait fondre les pôles, facilite les investissements les plus fous, condamne tous les budgets à la faillite et soumet irrémédiablement les peuples et les classes politiques tant des démocraties que des dictatures aux puissances d’argent. Depuis bien longtemps, trois siècles au moins, dans le système capitaliste, la monnaie mise en circulation par la dette soumise à l’intérêt par les banques, est aspirée par les sphères financières et investies dans un capitalisme sans âme, sans esprit et sans direction autre que le profit. C’est un cancer proliférant qui a gagné toute la planète, gangréné tous les secteurs de l’économie et de la société mondiale, jusqu’à la conscience des individus. Dans ce système monétaire, la puissance financière des banques est devenue titanesque et s’est alliée à celle des industries et des médias dans lesquels tout ce beau monde a investi, ce qui a créé un pouvoir « corporat » d’une puissance d’influence irrésistible et inouïe. Aucun pouvoir public ne lui résiste. La classe politique et les administrations civiles et militaires des démocraties représentatives (gauche et droite confondue) sont, sauf quelques voix vite marginalisées, totalement clientélisées dans ce système. Le pouvoir politique des états et des instances internationales, loin de pouvoir jamais être un contre-poids à cette puissance, est devenue en réalité dans les faits un simple relais de plus pour celle-ci, ainsi que le démontre la toute-puissance des industries nucléaires sur les choix énergétiques, agro-alimentaires, chimiques et pharmaceutiques sur les choix écologiques et de santé publique ou celle des complexes militaro-industriels aux U.S.A. et en Europe sur le choix des politiques étrangères des démocraties

Que ce soit dans le tiers-monde ou en Occident, tous les dossiers en sont la preuve, de l’agriculture avec la concentration de la propriété des terres, les pesticides et les OGM, à la pharmacologie avec les médicaments tueurs en passant par l’amiante, la présence de 35.000 molécules toxiques et cancérigènes dans les produits étalés par les industriels dans les supermarchés, la justification universellement encensée dans les médias de guerres interminables coûtant des milliers de milliards de dollars. Aucune régulation politique n’est plus possible face à ce monstre gavé de crédit et d’intérêts et dont la  puissance  croît exponentiellement. C’est une direction sans issue pour l’évolution des civilisations. Les lobbies financiers et industriels, trop riches, au service de politiques entrepreneuriales sans âme ont une puissance régulièrement multipliée de corruption et d’influence pour défendre leurs intérêts. Par leur mainmise sur les médias qu’ils poussent au bavardage stérile, ils musèlent les esprits et les consciences éclairées, ils masquent leurs fraudes, leurs escroqueries, leurs pollutions et leurs crimes et font faire l’apologie, auprès des foules sentimentales, de leurs expéditions armées faites au nom de la « civilisation » et dont le seul but est d’étendre et d’accélérer le pillage des ressources du moindre recoin du globe. Depuis les trois siècles que ce système fonctionne ainsi, les choses n’ont fait qu’empirer de façon exponentielle jusqu’à culminer avec le 11 septembre 2001 puis l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak.

Dans notre système de création et de circulation monétaire par le crédit et la dette, tout l’argent contribue à renforcer l’influence et la puissance de complexes et de collusions à la rationalité déshumanissée. Si les anticapitalistes révolutionnaires veulent vaincre le capital, il doivent le couper de sa source monétaire. Si les humanistes de « gauche » ou de droite veulent réguler le capitalisme… ils doivent aussi reprendre le contrôle de sa source monétaire. Voilà décrit l’un des fondements du système capitaliste mondial et l’une des voies royales de son dépassement. C’est le moteur monétaire qui accélère perpétuellement sa mainmise sur toute la planète, sur les états, sur les médias, le législatif et l’exécutif. Le pouvoir corporat en conçoit un sentiment d’impunité totale quand il créé les conditions de ses rapines, de ses dérives totalitaires et de ses guerres. La « révision » de ce moteur monétaire et l’inversion de son sens de rotation deviendra une étape incontournable et consensuelle pour tout ceux qui, de tous les horizons de l’indignation citoyenne, spirituelle ou humaine, voudront abattre ou « civiliser » le système occidental devenue mondial.

Camarades, Mesdames et Messieurs, frères et soeurs, si nous aspirons à détruire ce système, ou bien si nous espérons pouvoir être à même de le réguler ou de l’humaniser, peu importe, il en découle que le moment de la prochaine implosion du système financier-monétaire-budgétaire combiné aux convulsions de la crise sociale devra être le moment de le réformer radicalement, soit en réformant ou en révolutionnant la création et la circulation monétaire elle-même, soit en réformant la gouvernance des banques centrales et des banques de crédit. Qu’on se le dise.

Commençons par quelque-chose de facile et d’urgent pour sauver les états et les services publics de la faillite.

Dans tous les cas, la révolution monétaire passera ou commencera, aux USA par une réforme de la Fed, et en Europe par l’abrogation de l’article 123 du traité de Lisbonne. Cela suffira mettre en mouvement toutes les autres pièces du jeu, et dans la bonne direction.

L’article 123 du traité de Lisbonne interdit à la Banque Européenne de prêter directement de l’argent aux états et aux collectivités territoriales. Or, c’est justement en empruntant à sa banque centrale que l’Etat créait l’argent nécessaire à ses besoins sans avoir à payer d’intérêts. Cet article doublement scélérat n’autorise… qu’à sauver les banques privées qui seraient mises en difficulté, en leur rachetant à elles des obligations d’états devenus insolvables à cause de la ponction que ce système monétaire leur impose

Alors que nous en sommes déjà à la faillite des états, commençons, tous bords politiques confondus, par abolir cet article scélérat. C’est lui qui institue l’esclavage public de la dette. En Europe 2/3 des impôts sont détournés pour payer des intérêts aux nantis et aux financiers alors que les services publics sont démantelés ou bradés aux corporations et aux multinationales sous prétexte de faire des liquidités pour rembourser une dette devenue inextinguible sans inflation.

L’article 123 est en Europe la cause principale du surendettement public cumulé et du manque de liquidités des Etats, que la faillite de la Grèce, du Portugal, de l’Islande, de l’Irlande (en attendant les suivants…) ont mis au devant de l’actualité en 2010.

L’instauration de ce verrou tiré en catimini à l’insu des peuples pour les réduire à l’esclavage, les étouffer, les inciter à brader leurs services publics illustre par excellence la toute-puissance scélérate des lobbies bancaires et financiers, l’ignorance du peuple et la corruption mêlée d’incompétence des pouvoirs politiques, qu’ils soient exécutifs ou législatifs (pour ne parler que d’eux).

Concernant la Grèce, le Portugal, l’Irlande, l’Italie, la France, etc., personne ne semble s’étonner que ces pays doivent se financer tous les jours sur les marchés privés à des taux usuriers, alors qu’il s’agit de pays forts d’une population de millions de citoyens souverains d’eux-mêmes et soutenus par la communauté des pays les plus puissants de la  planète.

Ce racket des contribuables et des états au profit des possédants a commencé aux USA dans les années 20 avec la Fed, en France avec Giscard d’Estaing en 1973 qui a aussi été le cheval de Troie des néo-libéraux pour l’étendre à toute l’Union Européenne avec les traités de Maastricht (article 104) puis de Lisbonne (article 123).

Avec la Fed, avec la loi Giscard, avec les traités de Maastricht et de Lisbonne, en Occident, non seulement le Souverain, le peuple, l’état ne bat plus monnaie comme on le croit, mais il s’interdit en plus lui-même de créer la monnaie dont il a besoin pour les investissements publics ou le bien commun. Il s’oblige lui-même à se financer en s’exposant aux spéculateurs, moyennant le paiement d’intérêts aux riches et aux fonds d’investissements.

Si vous êtes Français et que vous ne savez pas pourquoi vous avez eu tort de voter OUI au référendum sur le traité constitutionnel Européen en 2005, ou bien si vous n’avez pas « tout compris » pourquoi vous avez voté NON, maintenant vous savez pourquoi. La perle des arnaques néo-libérale venue tout droit des U.S.A. y est sertie dans l’écrin de cet article 123, rédigé, comme il se doit, de façon technique et dont  le  sens est inaccessible au commun des électeurs et des élus. Les dettes ont commencé à gonfler en France et en Europe à partir de l’instauration de ces textes piégés et sont devenues impossibles à rembourser. Les revenus de l’impôt sur le revenus suffisent à peine à payer les intérêts de cette dette, indéfiniment… jusqu’à la faillite de l’état ou à la révolution monétaire. Ces intérêts, pour un pays comme la France, s’élèvent désormais tous les ans à 40 milliards d’Euros.

Il est tout à fait inutile, Camarade de gauche, ou Monsieur de droite, de vendre une entreprise publique pour prétendre boucher une dent creuse de l’ogre de la dette, ou de démanteler les services publics pour faire faire des économies à l’Etat, parce qu’il n’est pas en faillite, il est simplement saigné année après année et rendu impuissant sur le plan monétaire. Il est racketté suite à l’intrigue de quelques uns, l’ignorance et le manque de vigilance du peuple et de ses représentants.

Il va de soit qu’une des plus urgentes revendications du mouvement social européen à naître de la crise sociale et de la faillite des états sous le poids de la dette va être l’abrogation de l’article 123 du traité de Lisbonne et la restauration sous une forme ou une autre de la souveraineté monétaire (qu’elle soit régionale, nationale ou locale) pour financer les investissements nécessaires au bien commun.

« 3 – 2 – 1 – Abrogation

de l’article 123 !»

Si c’est un sujet tabou dans les médias, c’est-à-dire non négociable pour les banquiers, les financiers, les oligarques et leurs portes-manteaux politiques dans les instances européennes et nationales, il y a fort à parier que ce sera aussi non négociable aussi pour la rue, sur les barricades à Francfort et ailleurs, dans les assemblées populaires ou dans les urnes. Que la sagesse des acteurs concernés préside au choix du terrain où se déroulera la résolution de cette question.

Elle est posée. Nous en sommes toutes et tous dépositaires dans nos engagements, quels qu’ils soient.

Courage, l’abrogation de l’article 123 n’aura que des avantages et aucun inconvénient pour l’écrasante majorité d’entre nous et pour les institutions, de même que l’abolition de l’esclavage n’a eu aucun inconvénient, sauf bien-sûr pour ceux qui vivaient de son commerce ou de son exploitation. Ils ont dû faire autre-chose ou autrement. Qui s’en plaindra ?

Et pour tous ceux, et ils sont nombreux en ces temps troublés, qui regretteraient que cet acte ne renverse pas la montagne des autres monstruosités liberticides, criminelles ou toxiques de l’époque, qu’ils se souviennent que Gandhi, avant d’obtenir l’indépendance et la liberté de l’Inde, a commencé par un acte symbolique facilement fédérateur, pointant au coeur du système de l’iniquité. Il a commencé par la « Marche du sel ». La revendication de l’abrogation de l’article 123, la restitution de la liberté de créer la monnaie pour le bien commun, pourra bien être la marche du Sel des peuples d’Europe, puis du monde. Unissons nos indignations, trop sélectives alors que nous savons bien maintenant comment « tout se tient ». Tant qu’à frapper la bête aux mille têtes hideuses, frappons-la tous ensemble, à coeur.

Vigilius Argentoratensis

première mise en ligne 31 mai 2011

SOURCES et discussion des sources :

Documentaires et vidéos pédagogiques sur la création monétaire, voir sur ce blog, à la page LIENS

Une webographie sur les débats liés à la création et à la circulation monétaire est accessible sur le site de la campagne pour l’abrogation de l’article 123 du traité de Lisbonne. http://abrogate123.eu.org

Aux USA, la banque centrale (la Fed) dont le bail de 99 ans arrive à échéance en décembre 2012 est un consortium de banques privées. En Europe, la BCE (Banque Centrale Européenne) n’est pas non plus un organisme public. La banque centrale de Francfort instaurée avec l’Euro est une technocratie supra-nationale muselée par une charte formulée à partir d’une vulgate des credos capitalistes. Elle est coupée de tout débat démocratique et sa marge de manoeuvre en terme de recherche du bien commun est quasiment nulle. Il y a bien collusion, consanguinité des sphères dirigeantes et privées concernées et opacité anti-démocratique afin de soustraire la question de la création et de la circulation monétaire à tout débat politique public.

Bibliographie

– Les 10 plus gros mensonges sur l’économie, Philippe DERRUDER et André-Jacques HOLBECQ, en collaboration avec éditions Dangles, 02/2007

– La dette publique, une affaire rentable : À qui profite le système, André-Jacques Holbecq et Philippe Derudder, avec la collab. du collectif Groupe de recherches économiques pour un système sociétal (GRESSO), Y. Michel, coll. « Économie », Gap, 157 p.

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